GANGS OF NEW YORK

(LES GANGS DE NEW YORK)

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Drame

2002. Réalisation: Martin Scorsese. Avec: Leonardo DiCaprio, Daniel Day-Lewis, Cameron Diaz et Jim Broadbent. Scénario: Jay Cocks, Steven Zaillian et Kenneth Lonergan. Couleur/2h50.

        Gangs of New York prend une partie d'histoire américaine et la fait sauter comme une bombe. Il y a tant d'énergie, de décors et de prises de vue extraordinaires qu'on réalise que la présentation est supérieure au thème. Honnêtement, je ne crois pas que le film soit très historique. Mais Martin Scorsese sait comment nous épater et nous émouvoir.

        Comme dans GoodFellas (Les Affranchis), Gangs of New York s'étire longtemps afin de ne pas manquer un seul détail sur les personnages. Le plus grand piège pour un réalisateur est de nous présenter une très longue histoire qui sombre dans l'ennui. Mais Gangs of New York maintient notre intérêt du début à la fin. Ce projet ambitieux nous plonge dans un récit épique qui mélange le sentimental, l'héroïsme, le racisme, l'ironie et un peu d'histoire américaine.

        C'est 1842 dans les rues de New York. Des groupes de combattants violents s'affrontent, armés de couteaux et Dieu sait quoi. Les Américains de souche anglaise, qu'on surnomme les Natifs, se battent sans cesse contre les immigrés irlandais. Amsterdam Vallon (DiCaprio), jeune voyou irlandais, s'associe avec un chef de bande redoutable qu'on surnomme Bill le Boucher (Daniel Day-Lewis). Ce que ce chef ignore est que Amsterdam l'a déjà rencontré pendant son enfance ... et il ne l'a jamais oublié.

        Encore une fois, Scorsese tourne son film dans sa localité préférée: sa ville natale New York. Cette fois-ci, on ne voit pas des revolvers et des mafiosi bien habillés mais des haches, des couteaux et des gangs qui ressemblent à quelque chose sorti de Oliver Twist.

        Assez de détails sur l'histoire. C'est à chaque spectateur de voir le déroulement et le développement minutieux du scénario qui est, comme Goodfellas, d'une qualité exceptionnelle. Gangs me fait un peu penser à Goodfellas ... un jeune homme s'infiltre dans une bande reconnue et retrouve sa place, mais il doit payer un certain prix. Amsterdam Vallon est le Henry Hill du 19ième Siècle.

        Mais Gangs of New York n'est pas aussi bon que Goodfellas. Les deux films sont majestueusement bien écrits, les personnages sont vivants et colorés, la violence est froide et brutale ... mais le scénario de Goodfellas est meilleur. Même pendant les meurtres atrocement réalistes et les règlements de compte sans pitié, Goodfellas n'insinue jamais qui est le bon et qui est le méchant. Après avoir réussi à étudier la relation grandissante entre Amsterdam Vallon et Bill Cutting, Gangs sombre dans un thème de vengeance et d'honneur qui met trop en évidence ce bon contre mauvais. (Ne lisez plus si vous ne voulez pas trop en savoir sur la fin).      

        Les gars dans Goodfellas sont fascinants parce qu'ils ont tous leurs défauts et ils ne les cachent pas. Leurs péchés leur permettent d'être de vrais individus nuancés. Mais le personnage de DiCaprio est si propre et parfois angélique qu'il manque un peu de couleur. Tom Cruise aurait pu jouer le rôle, ou Brad Pitt, ou n'importe quel beau gars avec un sourire charmeur. Vers la fin, en voyant les deux hommes se préparer pour le combat final, je m'attendais à entendre la musique de Rocky. La fin m'a un peu déçu. De plus, comme dans n'importe quel film qui est loyal envers le personnage principal, le mouchard (Henry Thomas) doit automatiquement se faire tuer de façon brutale. J'avais parfois l'impression que Scorsese s'inspirait de clichés au lieu de se fier à son vrai bon jugement. L'histoire romantique entre DiCaprio et Cameron Diaz est initialement intéressante et étincelante, mais rapidement mise de côté afin d'accentuer le sang et la mort.

        Scorsese est le parfait candidat pour dépeindre avec minutie la violence extrême et des gangs barbares. L'action est réalisée avec perfection ... mais Scorsese va un peu trop loin. La violence dans Goodfellas est soudaine, choquante et nous prend au dépourvu. La violence dans Gangs of New York est tellement poussée qu'elle devient un peu trop gratuite. Scorsese est habituellement plus subtil et contrôlé que ça.

        Gangs a ses imperfections, mais il est quand même très bon. Les scènes démontrant la circonscription pendant la guerre civile et le racisme envers les immigrants sont d'une intensité mémorable; la performance de Daniel Day-Lewis est tellement incroyable qu'il aurait pu gagner un Oscar sans hésitation. J'ai vraiment été ébloui. Gangs of New York est détaillé, absorbant et extrêmement bien interprété. Les amateurs de Scorsese seront sûrement satisfaits. Il manque sa cible en quelque sorte ... mais de très peu.

* Le mouchard (Henry Thomas) qui est l'ami d'Amsterdam est le même Henry Thomas qui joue le rôle du petit Elliott dans E.T. --- The Extra-Terrestrial (E.T. --- L'Extraterrestre).

Golden Globe Awards 2003: Meilleur réalisateur (Scorsese), meilleure chanson («The Hands that Built America» de Bono/U2).

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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