THE HURRICANE

(HURRICANE)

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Drame biographique

1999. Réalisation: Norman Jewison. Avec: Denzel Washington, Vicellous Reon Shannon, Deborah Kara Unger et Liev Schreiber. Scénario: Armyan Bernstein et Dan Gordon. Couleur et NB/2h25.

        The Hurricane est un drame parfois lourd qui nous rappelle que la vie peut être très injuste, mais il nous rappelle également l'importance du courage et de la conviction. Rubin «Hurricane» Carter est le genre de gars qui peut tomber sur le dos et se relever immédiatement avec ses poings fermés et sa tête haute. Il s'agit d'un homme exemplaire.

        Ce film puissant signé le Canadien Norman Jewison raconte les horreurs de la vie de Rubin Carter, le boxeur qui est injustement accusé de meurtre en 1966. Il est emprisonné pendant plusieurs années, il ne lui reste que son dactylo et sa persévérance. Il écrit un livre biographique qui décrit sa vie et son emprisonnement. Lorsqu'un adolescent Noir lit le bouquin de Carter, il est fasciné par cette histoire et il s'identifie avec le boxeur. Avec l'aide de trois Canadiens, cet adolescent se fixe un objectif qui lui semble presque impossible: prouver l'innocence de Rubin Carter et l'aider à retrouver la liberté et la justice.

        The Hurricane contient plusieurs éléments qui pourraient démolir un film inférieur. Le fait que des étrangers ordinaires puissent croire à Carter et sacrifier leur temps et leurs efforts pour lui n'est pas toujours crédible dans un film. Le résultat aurait pu être idiot et naïf; même si le film est basé sur un fait vécu, il aurait été facile de créer des personnages machinalement programmés pour faire avancer l'histoire. Je pense aux films tournés pour la télévision qui semblent s'adresser aux téléspectateurs ayant le QI d'une mouche. Je m'imagine une douzaine de scénarios où les Canadiens auraient pu être de vrais crétins qui font ce que le scénario leur demande de faire en ne montrant aucune émotion ou aucune inquiétude. Le comportement des personnages dans le film de Norman Jewison est tout à fait plausible. Ils ne sont pas des super héros qui tentent de sauver le monde en répétant des petits discours d'encouragement à chaque deux minutes. Les Canadiens dans The Hurricane sont incertains et inquiets pour Rubin (à un tel point que Deborah Kerr Unger murmure pendant le tribunal: «Ça y est, il va perdre»). L'adolescent et ses amis sont tellement naturels et attachants que leurs efforts sont encore plus admirables. Ils ne sont pas plus grands que nature.

        Norman Jewison rend son histoire captivante, touchante et réaliste. Rien ne sonne faux dans les démarches de ces Canadiens et nous voyons l'énergie et le travail d'équipe qu'ils possèdent. Le film compte sur l'idée que des gens peuvent changer une vie grâce à leurs croyances et leur loyauté. La façon dont les événements se déroulent dans le scénario est juste.

        La ténacité de Rubin Carter aurait peut-être semblé artificiel ou irréaliste si le film n'était pas aussi prenant. Jewison ne permet pas à Denzel Washington d'être le grand héros illuminé et adoré par la caméra. Le personnage de Washington est fatigué, démoralisé, incertain de son avenir et méfiant envers les Blancs. Il y a même une scène où Carter est enfermé dans une petite cellule (plutôt une cage) faiblement illuminée pendant quatre-vingt dix jours. Les scènes qui démontrent sa folie et ses «conversations» avec lui-même nous montrent l'enfer de cette vie. À quelques reprises, on se demande si Carter va s'en sortir.

        J'ai entendu quelques critiques se plaindre que le policier raciste (Dan Hedaya) est observé de façon maladroite et stéréotypée. Je suis d'accord qu'il est un peu stéréotypé, mais le film ne met pas trop d'emphase sur lui ou sur les autres méchants dans The Hurricane; il accentue plus sur les efforts de ces Canadiens et sur la persévérance de Rubin Carter (je vais dévoiler un peu la fin du film à partir de maintenant). Un film moins original nous aurait montré un procès final prévisible et prétentieux où Dan Hedaya «mangerait sa claque» et se ferait punir comme un vrai méchant. Après que Carter soit libéré de prison, le scénario n'accentue plus vraiment sur le policier (cela peut être fâchant pour le spectateur, mais c'est également un signe que Norman Jewison a le contrôle sur son histoire). Si nous analysons l'histoire, les méchants dans ce film sont nombreux et ils ne sont jamais punis. Le journaliste qui a publié l'article, le pédophile, le système judiciaire ... tous ces éléments sont les adversaires de Rubin Carter. Norman Jewison ne permet jamais à son film de sombrer dans le jeu de bon contre mauvais. Nous ressentons que son histoire est très attachée à la réalité.

        Les scènes qui démontrent l'enquête menée par les Canadiens sont habilement montées. Le film aurait pu facilement prendre un tournant trop direct vers le suspense policier ou le drame judiciaire. Encore une fois, Norman Jewison fait les bons choix. The Hurricane est un mélange de tout. Ses scènes judiciaires sont bien réalisées, l'intrigue est contrôlée et réaliste. Ce drame ne devient pas un mystère ou un épisode de Perry Mason. Le film garde toujours le même ton terre-à-terre.

        The Hurricane contient un amas de petits pièges qui auraient attrapé beaucoup de cinéastes. C'est le genre de film qui aurait pu devenir un minable tearjerker mélodramatique avec une fin heureuse ridicule. Mais le scénario est superbement structuré et quelques scènes sont très émouvantes. Denzel Washington est excellent, mais cela ne me surprend pas. Il est un comédien exceptionnel. La scène où Carter parle avec sa femme en prison afin de lui demander le divorce nous brise le coeur; Washington a un visage très expressif et sa performance est épatante. The Hurricane devrait être sur votre liste de films à regarder au plus vite.

Golden Globes 2000: Meilleur acteur (Denzel Washington)

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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