LES MUSES ORPHELINES

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Drame psychologique

2000. Réalisation: Robert Favreau. Avec: Marina Orsini, Céline Bonnier, Fanny Mallette et Stéphane Demers. Scénario: Gilles Desjardins. Couleur/1h50.

        Ce drame québécois exceptionnel à propos d'une famille qui se réunit évite tous les clichés possibles, reste honnête envers ses personnages et va droit au but.

        L'histoire se déroule presque entièrement dans la grande maison de cette famille déchirée. Marina Orsini (excellente, comme d'habitude) interprète une enseignante qui est maintenant entourée de son frère rebelle (Demers), de sa soeur qui est militaire (Bonnier) et de sa soeur de vingt-cinq ans (Mallette), qui a le comportement d'un enfant. Il y a plusieurs années, après la mort de leur père, la mère est partie en Espagne en laissant ses enfants derrière elle. Maintenant, les quatre enfants tentent de trouver les réponses à cet abandon, ce qui remet subitement le sel sur la plaie.

        Basé sur la pièce de théâtre de Michel Marc Bouchard, Les Muses Orphelines est un film mélancolique. On ressent vivement la rancune de ces quatre enfants qui ont grandi avec une enfance démolie. Le scénario ne sombre pas dans le mélodrame en nous présentant des scènes exagérées de cris incessants ou de personnages qui s'apitoient sur leur sort. Le film n'est pas du tout manipulateur; les personnages sont tellement authentiques que certains spectateurs se reconnaîtront à travers eux. Fanny Mallette est d'un talent remarquable en interprétant la jeune femme troublée qui doit constamment être protégée.

        Le dialogue est intelligent et parfois épicé d'humour noir, ce qui représente avec minutie l'état d'esprit de ces quatre adultes. On comprend leur peine en écoutant ce qu'ils ont à dire et chaque personnage est minutieusement décrit. Il est fort évident que le scénariste Gilles Desjardins n'a pas écrit son scénario en étant ignorant face à la vraie vie et au vrai monde: il sait comment les gens parlent et il réussit à dépeindre avec précision des gens démoralisés.

        Les retours en arrière fréquents nous expliquent de plus en plus ce qui s'est produit à ces enfants il y a plusieurs années. L''interprétation est tellement exceptionnelle qu'on a l'impression que les comédiens n'interprètent pas mais qu'ils expriment ce qu'ils vivent réellement à l'intérieur d'eux-mêmes. Les quatre vedettes principales connaissent bien leurs personnages et ils savent comment leur donner vie (le film a reçu plusieurs nominations aux Génie mais n'a rien gagné. Dommage).

        La scène finale est forte, cette scène qui met la lumière sur Fanny Mallette. Elle garde son entourage bouche bée, Mallette est tellement convaincante pendant son jeu que le spectateur peut croire que son personnage a ce qu'il faut pour être plus indépendante. 

        Les Muses orphelines peut être déplaisant, triste et même parfois déprimant. Mais le cinéma a le devoir de nous faire réfléchir et d'exposer ce qui est pénible dans notre société. Le film l'expose majestueusement. Il s'agit d'un moment mémorable pour le cinéma québécois.

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