ONCE UPON A TIME IN AMERICA

(IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE)

««««

   

Drame de moeurs

1984. Réalisation: Sergio Leone. Avec: Robert De Niro, James Woods, Elizabeth McGovern et Treat Williams. Scénario: Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi, Enrico Medioli, Franco Arcalli, Franco Ferrini et Sergio Leone. Couleur/3h50 (version européenne), 2h20 (version courte américaine).

        Un ancien gangster âgé (De Niro) revient à Brooklyn, sa ville natale, et remémore son ascension au crime organisé. Une bonne partie du film retrace son adolescence, une époque où il a rencontré de bons amis qui sont devenus ses associés.

        Ce drame remarquable est encore considéré par plusieurs critiques comme étant un chef d'oeuvre. Malheureusement, Once Upon a Time in America a été «massacré» lors de sa sortie aux États-Unis. Les distributeurs américains ont fait des coupures dans la version de trois heures et cinquante, le film a fini par durer seulement deux heures et vingt. Je ne sais pas si ces distributeurs pensaient que les Américains ne pourraient pas tolérer un film aussi long, mais cette version courte a ruiné le succès du film aux États-Unis. Dans cette version, plusieurs scènes ne font aucun sens puisqu'il en manque une grande partie. Des événements ne s'enchaînent pas et apparemment le film est un vrai désastre. Heureusement, quelques années plus tard, la version originale a été distribuée au public américain. Lorsque cette version est apparue dans les clubs vidéo, le film a été grandement apprécié par le public. J'ai vu la version longue, donc j'ai pu apprécier Once Upon a Time in America dans toute sa splendeur. 

        Ceci est le genre de film qui ne doit pas avoir de coupures excessives. Les scènes, même celles qui semblent être des longueurs, ont un impact et une signification. Sergio Leone nous présente une mise en scène splendide qui est remplie de prouesses techniques et de prises de vue originales. Par exemple, remarquez la beauté de cette scène où la bande d'amis adolescents traverse la rue devant le grand pont (c'est justement ce qu'on voit sur l'affiche du film), ou la scène qui nous montre De Niro et Elizabeth McGovern qui dansent à Amapola. Il ne s'agit pas d'un petit débutant qui s'amuse avec des rapprochements et des reaction shots inutiles, Sergio Leone sait ce qu'il fait (et il est souvent mentionné dans les cours de cinéma). Ce n'est pas seulement le scénario qui est captivant mais la présentation entière de cette histoire.

        Le film peut sembler complexe puisqu'il sautille d'une époque à l'autre, mais je n'ai jamais perdu le fil de l'histoire puisque Leone fait les transitions de façon majestueuse. Au lieu de nous présenter des dates au bas de l'écran pour nous situer dans le temps (1920, 1968 etc), Leone utilise de la musique ou des décors pour changer d'époque. Par exemple, vers le début du film, on voit le gangster Noodles (De Niro) dans l'époque des années 20 et ensuite l'histoire se situe en 1968. Au lieu de voir la date au bas de l'écran, la chanson des années 60 Yesterday apparaît sur la trame sonore. Voilà une façon originale de nous situer dans le temps. J'ai également aimé les jeux de caméra qui font la transition d'une scène à l'autre. Vers la fin, on voit la lumière du camion s'éloigner de plus en plus et ensuite cette lumière devient les phares d'une voiture qui s'approche.

        De plus, les décors sont bien choisis. Le Brooklyn des années 20 semble sortir d'un vieil album photo. On ne fait pas que voir l'époque, on la sent

        Once Upon a Time in America mélange deux genres qui peuvent sembler assez différents: le film épique et le film de gangster. Comme dans plusieurs films épique, il doit y avoir une histoire d'amour. L'histoire d'amour dans le film de Leone n'est pas une petite histoire cul-cul qui bouche les trous, on sent que Noodles et Deborah (McGovern) sont de vraies personnes et leurs expressions faciales en disent plus que leur dialogue. L'interprétation de Robert De Niro est efficace dans un tel long-métrage. Il n'est pas un comédien qui parle beaucoup dans ses films, il a souvent le rôle de dur à cuire (pensez à son Goodfellas/Les Affranchis). Même lorsqu'il pleure dans Goodfellas, je ne le trouve pas très convaincant. Mais il est parfait dans le rôle de Noodles, un personnage qui s'exprime de façon non-verbale. On sait ce qu'il ressent lorsqu'on remarque ses expressions faciales. C'est un des meilleurs films de Robert De Niro (il est très bon dans Awakenings/L'Éveil aussi).

        Comme film de gangster, ce film étudie les personnages avec minutie et la longue durée nous permet de les connaître en profondeur. Comme dans presque n'importe quel film de gangster, la violence est extrême et brutale. Mais c'est la scène de viol qui est la plus choquante, puisque à ce point on connaît les personnages impliqués et on voit Noodles de façon très différente suite à cette scène (qui n'existe pas dans la version courte, apparemment).

        De tous les films traitant de mafiosi, Goodfellas est encore mon préféré mais Once Upon a Time in America est l'un des meilleurs que j'ai vus. Le réalisateur Sergio Leone, qui s'est fait connaître lors des années 60 avec ses films Il était une fois dans l'ouest et Le bon, la brute et le truand, a travaillé très fort pour monter un film de qualité supérieure. Il est très injuste que les distributeurs américains aient fait autant de coupures lors de la sortie originale de ce film, Sergio Leone méritait mieux que ça.

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

RETOUR AU MENU