PLEASANTVILLE

(BIENVENUE À PLEASANTVILLE)

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Comédie fantaisiste

1998. Réalisation: Gary Ross. Avec: Tobey Maguire, Reese Witherspoon, Joan Allen et William H. Macy. Scénario : Gary Ross. Couleur et NB/2h03

        Un adolescent (Maguire) adore regarder la série télévisée Pleasantville, une émission des années 50 qui dépeint la vie quasi parfaite d'une famille américaine. Suite à des circonstances hors de l'ordinaire, le garçon et sa soeur (Witherspoon) se retrouvent coincés dans le monde paisible de cette émission de télé. Tout ce qu'ils voient est soudainement en noir et blanc, et ils se retrouvent en compagnie des personnages de cette série. Mais les valeurs plus modernes de ces adolescents viendront changer ce monde très «années 50».

        Cette fable moralisatrice aux thèmes fantastiques est en fait un commentaire social. Les gens en couleur semblent représenter la mentalité libérale, tandis que les gens en noir et blanc représentent la droite un peu moins flexible. Le réalisateur Gary Ross utilise bien ses effets spéciaux, l'effet visuel est étonnant. Tout le film semble avoir un air satirique, et Ross a avoué faire hommage à plusieurs longs-métrages connus. Par exemple, le tribunal vers la fin nous rappelle To Kill a Mockingbird (1962). Lorsqu'il pleut à torrents, Tobey Maguire lève les bras vers le ciel et on pense immédiatement à The Shawshank Redemption (À l'ombre de Shawshank). Le thème du film est tellement poussé qu'on finit par prendre toute cette histoire avec un grain de sel. Mais voici le problème: si le film ne prend pas la logique et le bon sens au sérieux, pourquoi est-ce que le spectateur devrait prendre les scènes «émouvantes» au sérieux ? Ce film n'a jamais piqué ma curiosité, mon imagination était dans un état comateux pendant que je regardais cette fable prétentieuse. Donc, lorsqu'on regarde les scènes plus touchantes, on se retrouve tellement détaché du film que le sort des personnages ne semble plus avoir d'importance.

        Une des raisons que je n'ai jamais digéré ce film provient du sujet même. Il n'y a aucune explication pour ce qui est arrivé aux deux adolescents. Je sais qu'il s'agit d'un film fantastique et il ne faut pas tout expliquer, mais au moins dans Back to the Future (Retour vers le futur) on nous suggère une théorie et le film se fie entièrement à cette explication sans dévier. Dans les comédies fantaisistes telles que Ghostbusters (S.O.S. Fantômes), on nous suggère une idée hors de l'ordinaire et le film explore cette idée à fond sans en inventer d'autres. Malheureusement, dans Pleasantville, Gary Ross a une idée intrigante mais il ne sait jamais quand arrêter. Il en met trop, et le tout n'a aucun sens. Par exemple, l'idée que les jeunes se retrouvent tout à coup dans une émission télévisée n'est pas mauvaise. Mais vers le début du film, on sait que cette émission télévisée est fictive (ce qui veut dire que les comédiens du feuilleton Pleasantville sont de vraies personnes, ils ne sont pas réellement les personnages qu'ils incarnent). Si Tobey Maguire et Reese Witherspoon pouvaient se retrouver dans l'endroit diffusé à la télé, ils auraient dû se retrouver en compagnie des comédiens de ce feuilleton et non avec les vrais personnages. Le film aurait mieux fonctionné si les deux adolescents regardaient de vraies personnes à la télé. Par exemple: les deux adolescents regardent un reportage des années 50, le reportage se déroule dans un quartier de Los Angeles. Les jeunes se retrouvent dans cet endroit même, dans ce quartier de Los Angeles en 1950. Ils rencontrent le journaliste et les gens qui sont diffusés à la télé. Dans ce sens, le film serait plus facile à accepter.

        Plus tard dans le film, Ross en met encore plus. On se rend compte que les autres détails de cette petite ville sont entièrement fictifs. Les livres ont des pages sans écriture, et les personnages semblent être des robots sans émotions. Le film aurait été beaucoup plus efficace si cette ville des années 50 était plus réelle. On ne s'attache pas aux gens de cette ville parce que nous savons qu'ils sont des êtres imaginatifs qui n'existent pas vraiment. Dans Back to the Future, les personnages des années 50 sont vrais. Ils sont en chair et en os, le thème de voyage à travers le temps ne vient jamais briser la solidité des personnages. Dans Pleasantville, on sait que toute cette histoire n'est qu'une grosse blague. 

        Il y a quelques autres incohérences qui me font rire. Lorsque la mère (Joan Allen) maquille son visage plus coloré, elle redevient parfaitement ce qu'elle était avant. Voyons donc. Les pompiers n'ont jamais vu de feu, donc comment expliquer pourquoi leurs camions possèdent de l'équipement pour combattre le feu ? Pourquoi est-ce que les bibliothécaires garderaient des livres qui n'ont pas d'écriture ? À quoi ils servent ces livres au juste ? Le monde entier de Pleasantville est en noir et blanc, mais quelques personnages décrivent les couleurs qu'ils voient pour la première fois. S'ils n'ont jamais vu de couleurs, comment peuvent-ils les identifier lorsqu'ils les voient ? Si on n'a jamais vu le rouge, comment sait-on que c'est rouge ? C'est évident que Gary Ross n'a jamais osé répondre à ces questions logiques.

        La fin du film ne fait aucun sens. Tobey Maguire repart vers le présent en passant par l'écran d'une télévision sans que personne ne se pose de questions. La mère des années 50 (Joan Allen) ne se demande jamais pourquoi son fils disparaît via un écran de télévision. Dans le monde du présent, est-ce que la mère de l'adolescent (sa vraie mère) va se demander où se trouve sa fille (Witherspoon) ? Elle n'est pas revenue de Pleasantville, après tout.

        J'ai été très impatient lorsque j'ai regardé Pleasantville. Witherspoon et Maguire sont bons, ils méritaient de se retrouver dans un film mieux construit. Je n'ai jamais digéré le scénario pour une seconde. Le film se prend beaucoup trop au sérieux vers la fin, mais le réalisateur ne prend pas les incohérences de son histoire au sérieux. Je n'ai pas compris la scène finale où on voit Joan Allen et William H. Macy au parc. Je n'ai pas voulu la comprendre. J'ai lu plusieurs critiques de ce film, je dois être un des seuls au monde qui n'a pas aimé Pleasantville. Je ne vois pas pourquoi on a tant apprécié ce film.

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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