SAVAGE
MESSIAH
(MOÏSE: L'AFFAIRE ROCH THÉRIAULT)
Drame
2002. Réalisation: Mario Azzopardi. Avec:
Polly Walker, Luc Picard, Isabelle Cyr et Isabelle Blais. Scénario: Sharon Riis. Couleur/1h36.
Je me souviens d'avoir regardé un reportage angoissant à propos du tueur Charles Manson qui est coupable d'avoir mutilé et tué la ravissante Sharon Tate (la femme du réalisateur Roman Polanski) en 1969, ainsi que des amis qui fêtaient chez elle.
En fait, ses disciples les ont tués … des jeunes femmes
manipulées de façon effrayante ont commis ces actes après avoir reçu l'ordre de
Manson. Le laveur de cerveau démoniaque est encore en prison, et je suis
certain que plusieurs de ses disciples l'attendent encore avec les bras
ouverts.
Le
Canada a déjà connu un Charles Manson plus local, un homme sadique nommé Roch
Thériault. Les femmes vulnérables qui étaient à ses côtés avaient également
reçu un véritable lavage de cerveau dans une secte isolée.
Lorsque
Savage Messiah a été distribué dans les cinémas, Télévision Quatre
Saisons a diffusé une entrevue avec Gabrielle Lavallée, la femme qui s'est fait
couper le bras entier par Thériault lors d'une torture incroyable. Lors de
l'entrevue, les détails
étaient horrifiques, mais c'était notre imagination qui devait reconstruire
cette scène.
Heureusement, le film de Mario Azzopardi laisse beaucoup à notre
imagination.
Le
scénario quasi-documentaire ne sombre pas dans la gratuité ou la violence
extrême. Savage Messiah permet au spectateur de garder une distance
objective et ne pas se faire manipuler par l'horreur. Quelques scènes sont
repoussantes, oui, mais Mario Azzopardi sait quand établir des limites et c'est
pour cette raison que le film est quand même d'une bonne qualité.
Thériault
était un homme barbu (comme Manson) qui vivait dans une petite maison isolée
dans la forêt avec sa multitude de femmes. Dans le scénario, une jeune
travailleuse sociale (Polly Walker) enquête sur cet homme afin de déterminer si
les enfants qui vivent dans cet endroit sont en sécurité. Au début, Thériault
s'avère jovial et sociable. Mais ses secrets sont bien cachés derrière ce
visage sympathique.
Le
personnage de Polly Walker a déjà été une victime de manipulation, comme les
femmes de Thériault. Lorsqu'elle affronte cet homme et encourage les femmes de
le quitter, elle affronte son propre mari qui la battait et l'insultait sans
cesse. Le visage de cette femme est marquée, froide et fatiguée. Elle se voit
en regardant les femmes qui vivent avec Roch Thériault et leur libération
signifie également sa libération.
La
performance de Walker remonte la plupart du film, qui est pas mal routinier du
début jusqu'à la fin. On nous raconte des atrocités, on voit Thériault
manipuler ces femmes, on voit le procès intense, mais on apprend peu. Le livre L'Alliance
de la brebis écrit par Gabrielle Lavallée nous en dit sûrement plus (je ne
l'ai jamais lu, mais je compte le lire bientôt). Savage Messiah est un
bel exercice cinématographique, mais le tout reste très arbitraire.
Cela
est peut-être dû au fait que nous voyons Roch Thériault seulement du point de
vue de ces femmes; le scénario nous révèle très peu sur lui. Sa biographie est
résumée grâce à un dossier judiciaire, mais c'est tout. Charles
Manson me donne les frissons parce qu'il répète sans cesse ses philosophies
et ses croyances … il croit qu'il est Dieu. Il n'y a rien de
plus horrifiant que de voir un maniaque se croire lui-même. Luc Picard porte
bien la barbe et fait quelques commentaires sur la liberté et la fraternité,
mais on dirait parfois qu'il lit le scénario à voix haute. Son personnage
aurait été plus authentique et efficace si l'histoire étudiait cet homme avec
plus de minutie objective. Roch Thériault aurait donc été plus complexe et
moins uni-dimensionnel.
Savage Messiah réussit à nous montrer efficacement une femme qui prend la défense des autres femmes victimes et nous livre une belle histoire de bon contre mauvais. Tout ce qui manque est un peu plus de lumière sur Roch Thériault lui-même. C'est comme si Mario Azzopardi avait tellement horreur de cet homme qu'il n'osait pas nous montrer tous les petits détails de sa personnalité qui le rendent si effrayant.