TEARS OF THE SUN

(LES LARMES DU SOLEIL)

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Drame de guerre

2003. Réalisation: Antoine Fuqua. Avec: Bruce Willis, Monica Bellucci, Cole Hauser et Johnny Messner. Scénario: Alex Lasker et Patrick Cirillo. Couleur/2hres.

        Vous ne devinerez jamais quel genre de film vient de sortir au cinéma en 2003 ... un film de guerre. Non, vraiment ! Je crois que je vais nommer ces dernières années de cinéma les années guerrières.

        Bruce Willis interprète un lieutenant de l'armée américaine qui est chargé de débarquer au Nigeria afin de protéger une médecin importante. Ce qui s'ensuit est beaucoup plus complexe et effrayant qu'on ne l'aurait imaginé.

        Le jeune réalisateur talentueux Antoine Fuqua (Training Day/Jour de formation) nous plonge tête première dans les jungles hostiles, les combats sanglants et les exécutions quasi-barbares. Le seul problème est que le film est trop «GI Joe» pour être très convaincant. Bruce Willis est un protagoniste attachant et il a beaucoup de présence sur l'écran, mais l'ensemble des personnages est un peu stéréotypé. De plus, le message subtilement patriotique devient un peu insultant.

        Je me demande si un vrai lieutenant aurait pris autant de risques pendant une mission aussi périlleuse. Les soldats américains dans ce film sont trop bons pour être vrais. Ce qui me pose un problème est notre perception des soldats ennemis. Fuqua semble croire que leur dialogue est vraiment insignifiant puisqu'il ne prend même pas la peine de sous-titrer ce qu'ils disent. Maintenant que j'y pense, ces ennemis ne disent pas grand chose. Le chef redoutable a un sourire malicieux, mais il n'est qu'un symbole uni-dimensionnel de mauvais tandis que les Américains sont le cent pour cent bon. Je pensais qu'au cinéma on avait plus évolué que ça.

        Ce qui aurait été captivant aurait été une vision plus complexe de chaque armée. Sans sombrer dans les observations philosophiques ou psychologiques, Tears of the Sun aurait pu nous présenter un lieutenant américain moins parfait, moins bon, ainsi qu'un chef de l'armée ennemie un peu plus coloré et crédible. Dans des films tels que Full Metal Jacket ou Platoon, les soldats américains sont imparfaits et leurs erreurs sont parfois horrifiques. Dans Tears of the Sun, Antoine Fuqua semble oublier que ces personnages doivent représenter le vrai monde. Je n'ai pas digéré la bonté divine de cette équipe américaine.

        Monica Bellucci, une actrice italienne qui illumine l'écran avec sa beauté, est très convaincante dans le rôle de la médecin douce et courageuse qui ressort le meilleur du lieutenant froid et professionnel. Fuqua ne fait pas la bêtise de laisser cette femme devenir énervante et irritable (comme Kate Capshaw dans le deuxième Indiana Jones). Toutefois, j'ai l'impression que Bellucci ne sert qu'à faire ressortir les grandes qualités de ces personnages américains qui semblent être si parfaits. Avec une panoplie parfois prétentieuse de reaction shots, Bellucci nous impose le message que Willis et ses hommes ne peuvent rien faire de mal. Ils semblent avoir la réponse à tous les problèmes.

        Il ne faut pas oublier que depuis le conflit en Irak en 2003, les Américains avaient probablement besoin de films comme Tears of the Sun pour les réconforter. Cela est normal, le cinéma reflète grandement ce qui arrive dans notre monde. Le cinéma peut également nous lancer plusieurs messages et des croyances. Bruce Willis semble être la parfaite représentation du président George W. Bush, un homme qui met les ordres de côté afin de se mêler de quelque chose et se battre. Tom Skerritt, le supérieur du lieutenant, me fait penser à l'ONU qui veut établir des limites et être plus raisonnable. Il y a même un soldat Noir dans l'unité de Bruce Willis qui le remercie pour ce qu'il fait et mentionne ce que les Noirs étaient dans le passé. Je sens qu'il y a beaucoup de propagande américaine cachée dans le scénario.

        De plus, à la fin du film, un proverbe apparaît à l'écran. Ce proverbe suggère quelque chose du genre «ce qui est mauvais est le fait que les bonnes personnes laissent les mauvaises personnes faire ce qu'ils veulent». Je vois un parallèle évident avec ce qui se passait en Irak en 2003. Ce proverbe représente également l'amertume de certains Américains en 2003 qui croyaient que les autres pays ne participaient pas assez pour se débarrasser de Saddam Hussein.

        Mais ce n'est qu'une supposition. Ce que vous venez de lire ressort de mon côté plus objectif et cynique. Tears of the Sun peut être un peu artificiel et limité, mais je le recommande quand même parce qu'il est bien réalisé, assez bien interprété et le suspense est souvent habilement soutenu. Espérons que les cinéastes américains vont arrêter cette vague de films de guerre. C'est du déjà vu.

* Remarquez le gros plan du soleil au début du film (Tears of the Sun symbolise quoi, au juste ?) et remarquez que le début de Training Day est presque pareil. Fuqua semble être intéressé par le soleil qui se lève. Est-ce que ça veut dire qu'il est matinal?

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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