AWAKENINGS
(L'ÉVEIL)
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Drame psychologique
1990. Réalisation: Penny Marshall. Avec: Robin Williams,
Robert De Niro, Julie Kavner et Penelope Ann Miller. Scénario : Steven
Zaillian. Couleur/2hres.
En 1969, le Dr Sayer (Williams)
commence un nouvel emploi dans un hôpital psychiatrique à New York. Peu
sociable et renfermé de nature, le Dr Sayer a de l'expérience dans le
domaine de la recherche mais il n'a jamais eu beaucoup de contact avec
des patients. Il se trouve maintenant responsable des soins médicaux
dans une aile de patients catatoniques. Le médecin est peu enthousiaste
de travailler avec tant de personnes. Pendant ce temps, il se rend
compte que certains de ces patients ont des réflexes même
s'ils sont complètement non-verbaux et incapables de bouger sans
assistance. Au courant de ses propres recherches, il reçoit
l'autorisation de ses supérieurs de donner un médicament expérimental à
ses patients afin de voir si leurs facultés motrices vont s'améliorer.
Il fait la connaissance du patient Leonard Lowe (De Niro), qui voit un
progrès miraculeux grâce à ce médicament.
Basé sur le fait vécu (et du livre) du Dr Oliver Sacks, ce drame déborde de sensibilité sans devenir larmoyant ou manipulateur. Penny Marshall (la célèbre Laverne dans la série-TV Laverne & Shirley), qui avait déja réalisé Big/Petit Bonhomme (1988), fait un travail remarquable derrière la caméra. L'ensemble est touchant et parfois légèrement humoristique, rehaussé par la trame sonore mémorable de Randy Newman. Williams est excellent dans le rôle du médecin. Williams, habituellement hyperactif et frétillant dans ses autres rôles, fait un contraste étonnant en interprètant un hombre introverti et à la voix douce. J'ai toujours pensé que ce comédien était à son meilleur lorsqu'il jouait des rôles plus dramatiques. De Niro l'appuie bien et donne une de ses meilleures performances en jouant le patient qui est soudainement «réveillé» de son état catatonique. Le scénario prenant de Steven Zaillian met beaucoup d'empase sur l'amitié qui se développe entre le médecin et son patient. Leonard montre à son médecin comment apprécier la vie et la chaleur humaine des autres, tandis que le docteur aide son patient à surmonter les difficultés de sa condition physique. Leur chimie est émouvante et ne sonne pas faux pour une seule seconde. Julie Kavner (qui est la voix de Marge dans la série The Simpsons) est convaincante dans le rôle de la collègue sympathique qui admire l'empathie du Dr Sayer. Il ne faut pas oublier Penelope Ann Miller qui offre une performance sincère; elle joue la fille d'un des patients qui finit par s'attacher à Leonard. La scène où elle danse avec lui dans la cafétéria est l'une des plus touchantes que je n'ai jamais vue, et à ce jour elle me fait verser des larmes même si je l'ai vue plusieurs fois.
JE DÉVOILE UN PEU LA FIN DU FILM ICI ...
Le tout peut sembler lourd, mais
quelques éléments plus joviaux viennent alléger l'atmosphère de
tristesse. Lorsque les autres patients réagissent bien au médicament
administré par le Dr Sayer, leurs habitudes excentriques nous font
sourire et l'humour est au rendez-vous. Le scénario utilise une
métaphore intéressante: le début du printemps représente l'éveil des
patients. Lorsque les patients se détériorent vers la fin, on voit la
saison changer graduellement. Les choix de décors et la photographie
briment de symbolisme sans alourdir.
J'ai vu peu de films aussi émouvants que Awakenings, qui ne force jamais la note et nous touche par sa simplicité et la qualité des personnages. Vers la fin, c'est réconfortant de voir le Dr Sayer mieux apprécier la vie et les gens qui l'entourent. Suite à ses expériences dans cet hôpital, lui-aussi se trouve éveillé d'une certaine façon. Il devient plus humain et interagit mieux avec les autres. Il s'agit d'un très beau film, rendu encore plus percutant grâce à la qualité de l'interprétation et la mise en scène exceptionnelle.