CARRIE
(CARRIE AU BAL DU DIABLE)
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Drame fantastique
1976. Réalisation: Brian De Palma. Avec: Sissy Spacek, Piper Laurie, William Katt et Betty Buckley. Scénario: Lawrence D. Cohen. Couleur/1h37.
Carrie White (Spacek) est une adolescente
surprotégée et abusée par sa mère (Laurie), une femme déséquilibrée qui
est devenue une fanatique religieuse. De plus, Carrie se fait
tourmenter sans cesse à son école secondaire par les filles plus
populaires. Mais lorsque Tommy, un camarade de classe beau et
sympathique, demande à Carrie de l'accompagner au bal des finissants,
la jeune fille solitaire voit sa vie changer. Mais les élèves de son
école ignorent que Carrie possède des pouvoirs télékinétiques très
puissants. Attendez de voir ce qui arrivera le soir de son bal de
finissants ... (JE DÉVOILE LA FIN À PARTIR DE MAINTENANT)
Je ne dévoilerai pas la fin, mais la plupart des
cinéphiles savent déjà ce qui arrive. Basé sur le premier roman écrit
par le légendaire Stephen King, ce thriller fantastique est devenu un
classique comme The Exorcist (L'Exorciste) ou Rosemary's Baby.
Comme dans le roman, l'histoire entière n'a rien de gothique ou de
morbide sauf à la fin. Le récit étudie avec sensibilité le sort de
l'adolescente harcelée par ses camarades d'école. Sissy Spacek est
extraordinaire dans le rôle titre, et on voit un très jeune John
Travolta (reconnu à l'époque pour son rôle de Vinnie Barbarino dans la
série télévisée Welcome Back Kotter)
qui interprète un ado facilement influencé par sa petite amie (Nancy
Allen). La fin est un véritable coup de fouet, rendu terrifiant et
fascinant grâce aux effets pyrotechniques et aux trucages considérés
très efficaces en 1976. Carrie n'a
pas perdu son impact bouleversant au fil des années. Comme dans
plusieurs histoires de Stephen King, ce qui rend le récit encore plus
troublant est le fait que les personnages soient aussi réels et
humains. Carrie n'est pas un monstre que tout le monde veut éliminer.
On veut la prendre de nos bras, la protéger et on se demande pourquoi
une jeune fille doit souffrir autant. Sissy Spacek nous fait croire en son personnage à cent pour cent.
La mise en scène majestueuse de Brian De Palma mélange
plusieurs techniques astucieuses sans devenir trop prétentieux. Il
intègre des scènes au ralenti, en accéléré et des mouvements de caméra
parfois étourdissants afin d'augmenter la tension ou l'émotion. Carrie
contient des séquences qui resteront toujours ancrées dans ma mémoire,
comme la scène au début où Carrie se fait intimider cruellement dans le
vestiaire de son école, ou la scène classique où elle est humiliée
pendant le bal de finissants. J'ai déjà vu ce film il y a très
longtemps, et je l'ai revu récemment. J'ai été surpris de constater que
le film a eu un effet plus fort sur moi lorsque je l'ai regardé une
seconde fois. J'ai encore les larmes aux yeux lorsque Carrie marche sur
scène accompagnée de Tommy; on sait ce qui va arriver et ça rend le
tout encore plus percutant. Le suspense insoutenable qu'on ressent
lorsqu'on voit le sceau rempli de sang de cochon nous montre Brian De
Palma à son meilleur. La scène finale qui se déroule dans la maison de
Carrie déborde de symbolisme; lorsque sa mère est poignardée à mort,
son corps est située dans la même position que le Christ crucifié. La
maison qui s'écroule et qui prend feu est un peu poussé et mal monté,
mais le reste du film est génial. La musique émouvante de Pino Donaggio
(surtout la trame accompagnée de flûte traversière) ajoute une certaine
tendresse pendant les scènes clés. J'ai aussi apprécié les références
subtiles à Alfred Hitchcock (l'école secondaire se nomme Bates High
School, une référence à Norman Bates dans Psycho).
Plusieurs critiques croient que Carrie est
un simple film d'horreur. À mon avis, il s'agit plutôt d'une tragédie
moderne. J'ai adoré le roman, mais j'ai été surpris de voir que j'ai
également adoré le film. Carrie
aurait pu sombrer dans le mélodrame et les effets tape-à-l'oeil, mais
Brian De Palma a su lui insuffler assez d'originalité et de profondeur.
Très bien réussi, un film difficile à oublier.
Affiche du film