ELECTION

(ÉLECTION)

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Comédie dramatique

1999. Réalisation: Alexander Payne. Avec: Matthew Broderick, Reese Witherspoon, Chris Klein et Jessica Campbell. Scénario: Alexander Payne et Jim Taylor. Couleur/1h45.

        Dans une école secondaire de l'Omaha, un enseignant (Broderick) essaie désespérément d'empêcher une élève performante (Witherspoon) d'être élue comme présidente du conseil étudiant. Ce qui s'ensuit est une série de tribulations à la fois humoristiques et traumatisantes.

        Reese Witherspoon est impressionnante dans le rôle de l'étudiante ambitieuse qui alimente la haine grandissante de son professeur, Jim McAllister (Broderick). (Ne lisez plus si vous ne voulez pas trop en savoir sur la conclusion). Dans un sens, il est difficile de comprendre pourquoi McAllister en veut tellement à cette jeune fille qui est décidément plus futée que lui. J'ai trouvé cela un peu étrange de constater qu'il en veut à cette adolescente en partie à cause de ce qui s'est passé entre elle et un autre enseignant. À mon avis, c'est l'autre enseignant qui avait tort et devait payer pour ses actes impensables. Lorsqu'on voit à quel point McAllister manque de jugement et de professionnalisme, on découvre qu'il est difficile d'aimer ce personnage. Il passe son temps à faire des conneries incroyables. Éventuellement, McAllister devient le méchant et la dernière demi-heure du film consiste à le voir se faire détruire. Rien de très impressionnant. Si le professeur était plus futé et admirable comme personnage, le résultat aurait été plus satisfaisant. 

        Voici un exemple de stupidités qui détruisent la crédibilité du personnage de Matthew Broderick. Est-ce que McAllister serait assez stupide pour laisser le billet de vote dans la poubelle de sa classe ? Pourquoi serait-il assez stupide pour laisser un message intime sur le répondeur de cette femme avec qui il entretient une relation amoureuse? Lorsque McAllister se promène dans les couloirs avec la tête basse et le visage blême, je souris et je me dis qu'il a ce qu'il mérite. Il fait trop de faux pas pour être un personnage attachant ou réaliste. J'espère sincèrement qu'il n'y a pas trop de professeurs comme Jim McAllister. Election ne rehausse pas l'image des enseignants. Mais il est fort possible qu'il existe vraiment des hommes aussi irresponsables que McAllister. Malgré les actes illogiques de celui-ci, le scénario bien construit et original (basé sur le roman de Tom Perrotta) nous raconte comment le succès d'une jeune fille conduit à l'échec d'un adulte. Les situations ne sont pas trop invraisemblables et certains thèmes sont tellement vrais qu'ils ont les qualités d'un documentaire. Les thèmes de désespoir adolescent (et d'homosexualité) sont traités avec sérieux mais ne détournent pas notre attention du conflit principal: l'animosité entre l'élève et son professeur, qui manque toujours sa cible.

        Ce qui détourne un peu trop notre attention est la liaison amoureuse entre McAllister et l'ex-femme de son collègue. Le scénario prend trop de temps à analyser leur situation et leurs problèmes ne devraient pas être traités avec autant de précision. J'aurais préféré que l'histoire accentue plus le personnage de Reese Witherspoon afin de la rendre un peu plus diabolique et rusée. Si son personnage était plus méchante, l'histoire aurait eu plus de punch. Dans ce cas-ci, nous réalisons que le professeur est le véritable idiot qui a cherché ses problèmes. Tracy Flick est trop gentille. Il est amusant de détester le pouvoir diabolique d'un personnage, mais Flick n'est pas assez détestable pour nous affecter. Ce juste milieu est un des grands défauts du film. Alexander Payne a peur d'aller trop loin.

        Election est bon, mais il aurait pu être beaucoup meilleur si l'enseignant était moins idiot et l'étudiante un peu plus malicieuse. Si McAllister était presque aussi rusé que Tracy, le tout aurait été mordant. Ce n'est pas le cas.

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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