À MA SOEUR !

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Drame de moeurs

2001. Réalisation : Catherine Breillat. Avec : Anaïs Reboux, Roxane Mesquida, Libero De Rienzo et Arsinée Khanjian. Scénario: Catherine Breillat. Couleur/1h28.

        Anaïs, une jeune fille de douze ans peu attrayante (Reboux), est témoin de l'épanouissement sexuel de sa soeur de quinze ans Elena (Mesquida). Elena est attirante et charmante, elle rencontre un étudiant italien qui la séduit. Mais Anaïs ressent un grand manque dans sa vie, et elle sait qu'elle ne sera jamais aussi belle que sa soeur.

        Ce drame assez bien interprété nous présente une vision honnête de la sexualité adolescente. La réalisatrice Catherine Breillat a abordé le thème de sexualité adolescente dans Une vraie jeune fille (1976) et 36 Fillette (1988). En fait, Breillat étudie souvent les relations sexuelles dans ses films (Romance etc). Mais l'ensemble de À ma soeur! est lourd et drôlement vide. Les personnages ne m'ont jamais vraiment touché en tant que spectateur. J'ai ressenti plus de sympathie envers Anaïs, mais sa soeur Elena est tellement méchante et difficile à aimer que les scènes qui accentuent son épanouissement sexuel m'ont laissé froid. Si je n'aime pas un personnage, ceci bloquera tout intérêt pour ce qui lui arrive. Le film semble étiré par des séquences ennuyeuses et sans intérêt même si ce long-métrage est de courte durée.

        J'aurais aimé connaître les pensées et les sentiments d'Anaïs plus en profondeur. Au lieu de l'entendre chanter comme elle le fait à quelques reprises, une narration de la jeune fille lui aurait donné plus de couleur. De plus, j'ai eu beaucoup de difficulté à comprendre un mot de ce jeune homme italien. Vive les sous-titres des DVD.

        Je n'ai pas aimé les parents de ces deux filles. Ils sont tellement cons, froids et insensibles que je me suis senti mal à l'aise de les regarder. Je ne veux pas dire que les personnages d'un film doivent tous être des anges aimables, mais quand un film nous présente des gens aussi déplaisants il est difficile de s'embarquer dans l'histoire.

        Les scènes de sexualité ont fait jaser beaucoup de gens lors de la sortie du film. À ma soeur  fut  bani de l'Ontario en 2001 (l'ancien président du Ontario Film Review Board a déclaré que le film «portait atteinte aux bonnes moeurs» ou quelque chose du genre). La sexualité n'est pas si choquante, les scènes reflètent pourtant la réalité. Il n'y a que la fin qui nous réserve une désagréable surprise (et qui a sûrement choqué la régie cinéma ontarienne), ce qui nous choque est le fait que la victime soit tellement jeune. Cette fin est troublante, mais j'ai été irrité lorsque je l'ai vue. Qu'est-ce que la réalisatrice Catherine Breillat veut nous suggérer par cette conclusion ? (Je dévoile un peu la fin, ceux et celles qui n'ont pas vu le film devraient arrêter de lire). Mon opinion est que l'ironie de la vie vient toucher cette famille. Anaïs, qui ne s'est jamais trouvée attirante, a un contact sexuel avec un homme et Elena n'est même pas la cible de cet homme. Mais on explique jamais cette étrange conclusion. Anaïs nie s'être fait violer. Est-ce que sa mémoire a effacé toute trace de cette agression ? On n'explique jamais. Ou est-ce qu'elle considère l'acte comme étant positif ? Tout se termine brusquement sans autres explications. Je déteste ça quand un cinéaste prend la peine de nous secouer par une scène choquante pour ensuite tout terminer brusquement. C'est une façon irresponsable de s'en sauver sans expliquer ce qui nous a été lancé en pleine figure. 

        Je ne vais pas toujours au cinéma pour voir des films qui inspirent la joie et le bonheur. Certains films sont déplaisants et troublants, mais certains de ces films troublants nous font réfléchir et nous touchent d'une certaine façon. À ma soeur  est déplaisant mais vide aussi, le but de toute cette histoire est écrasée par une fin ridicule et peu nécessaire. Anaïs Reboux et Roxane Mesquida sont très bonnes, mais la plupart des personnages m'irritent, et le film est souvent ennuyant. L'idée initiale est bonne, mais elle est mal présentée. 

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