HAVANA

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Drame sentimental

1990. Réalisation: Sydney Pollack. Avec: Robert Redford, Lena Olin, Alan Arkin et Daniel Davis. Scénario: Judith Rascoe et David Rayfiel. Couleur/2h20.

        Film romantique satisfaisant qui a connu un succès désastreux lors de sa sortie. Pourtant, le film évite des clichés, le dialogue est vivant et naturel, et la chimie entre Redford et Olin est forte.

        L'histoire se situe vers la fin des années 50 à Havana Cuba, pendant la tension entre Fidel Castro et Batista. Redford interprète un joueur qui est une vedette dans les casinos. Il rencontre une Suédoise (Olin) qui est mariée à un homme reconnu pour ses opinions politiques.

        Injustement comparé à Casablanca par les critiques américains, Havana ne prétend jamais être un classique et le réalisateur Sydney Pollack (Tootsie) dirige bien les comédiens. Les scènes où Redford et Olin partagent quelques bons moments ensemble sont saisissantes et les personnages sont intrigants. Lena Olin brille dans certaines scènes, notamment celles qui se produisent après l'emprisonnement de son personnage. Bobby, la jeune suédoise, est forte mais marquée par des blessures intérieures. Elle a été torturée et manipulée. Lorsqu'elle visite l'appartement de Redford après sa sortie de prison, nous voyons son visage se crisper et nous ressentons sa douleur. Olin livre cette performance avec charme et même si son personnage ne dit pas qu'elle a mal, nous le voyons quand même. Ce ne sont pas tous les comédiens qui ont cette qualité non-verbale ... Lena Olin joue très bien son rôle.

        Comme nous voyons souvent dans les films américains, le personnage américain a une influence positive sur des événements étrangers (comme dans Casablanca, qui mélange aussi le sentimental et la politique). Jack Weil (Redford) est réticent à s'embarquer dans des situations politiques ... il croit que ce ne sont pas de ses affaires. Il est très détaché des événements dans le monde, il se réfugie dans le monde de l'argent et des casinos. Malgré cela, pendant que l'histoire se déroule, Jack Weil influence son entourage avec cette modestie et ce charisme américain que nous voyons souvent au cinéma. 

        Havana ne sombre jamais dans le patriotisme. Un personnage fait même la remarque que «les Américains croient que Fidel Castro est un homme merveilleux mais ils se trompent sûrement». Après tout, les Américains pensaient que Fidel Castro serait un meilleur politicien et qu'il changerait la situation très peu démocratique à Cuba en renversant Batista de son piédestal. Malheureusement, Batista fut remplacé par un communiste qui n'était pas aussi angélique que les Américains croyaient. Le film ne cache pas l'erreur de jugement des Américains, et observe honnêtement la situation politique de cette époque.

        Les longueurs sont excessives et le film est très long pour rien, mais l'histoire a souvent des tournures intéressantes. Il va de soi que ce film est loin d'être Casablanca et ne contient pas son pouvoir ou sa profondeur. Robert Redford n'est pas Humphrey Bogart, et Lena Olin n'est pas Ingrid Bergman. Mais nous le savions déjà, n'est-ce pas? Contrairement à ce que pensent plusieurs critiques, Havana n'essaie pas de copier Casablanca et réussit simplement à être une histoire d'amour située en plein milieu d'un conflit effrayant et désagréable. «Here's lookin' at you, kid».

Affiche du film

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