LA LOI DU COCHON

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Drame de suspense

2001. Réalisation: Eric Canuel. Avec: Isabel Richer, Sylvain Marcel, Jean-Nicolas Verreault et Catherine Trudeau. Scénario: Joanne Arseneau. Couleur/1h40. 

        Une fermière (Richer) vit seule avec sa soeur enceinte. Les choses changent drastiquement lorsqu'elles sont aux prises avec deux malfaiteurs (Sylvain Marcel et Jean-Nicolas Verreault).

        Verreault est divertissant de façon presque involontaire en interprétant le psychotique qui a le QI d'une mouche. Sylvain Marcel (a-ha ! Famili-Prix) est également notable. 

        Ce thriller à la fois étrangement humoristique et accablant contient les ingrédients d'un film de suspense tendu et d'une étude de moeurs élaborée. Voir tous les personnages ensemble est comme regarder la société avec toutes ses imperfections. On voit un peu de tout le monde: les fous, les racistes, les hommes obsédés par la reproduction de leur famille, les femmes perçues comme étant des victimes et les criminels.

        La complicité entre Sylvain Marcel et Jean-Nicolas Verreault nous procure un thème secondaire qui se développe lentement mais sûrement à travers tout le film. Verreault est constamment bousculé et traité comme un rien par son complice. Je n'insinue pas que le personnage «Chose» mérite de la sympathie ... il est un fou à lier imprévisible qui nous donne froid dans le dos (je révèle un peu la fin du film à partir de maintenant). Mais on voit les deux hommes devenir de plus en plus hostiles l'un envers l'autre, et cette tension grandissante est l'un des points forts de La Loi du cochon

        Il y a également une complicité entre les deux jeunes femmes isolées dans leur vieille maison. Isabel Richer veut protéger sa soeur et elles jouent constamment à un jeu psychologique avec les deux criminels. Le suspense du film provient du fait que Paquette (Marcel) pourrait perdre la tête et tuer tout le monde s'il le voulait. Il a un tempérament impétueux et le scénario nous garde sur le bout de notre siège du début jusqu'à la fin. Le suspense provient également du fait qu'on attend toujours que les deux malfaiteurs finissent par s'affronter.

        Eric Canuel ne lâche pas prise au spectateur pour une seconde. Chaque fois qu'on ressent que le danger s'approche, Isabel Richer réussit à causer un délai. C'est intrigant de voir à quel point les personnages se sortent du pétrin. Il n'y a pas de combat unidimensionnel de bon contre mauvais. Le personnage d'Isabel Richer n'est pas une femme d'une bonté divine ... ses activités ne sont pas toutes honnêtes ou légales. Il n'y a pas nécessairement des «bons» personnages dans ce film et aucun d'eux ne prétend l'être.

        Il y a un peu d'humour dans La Loi du cochon. Les moments plus comiques du film ne sont pas du tout légers ... le dialogue et les situations nous font rire jaune. Le scénario ne permet pas à l'humour de sombrer dans la comédie bouffonne et lorsque nous rions, c'est souvent afin de nous réconforter pendant les moments de tension.

        Lorsque Isabel Richer réussit à se défendre vers la fin du film, l'histoire ne devient pas un spectacle gratuit de violence ou de suspense manipulateur (je pense à certains, non excusez, je pense à plusieurs films américains). La violence est directe, impardonnable et courte. La fin ne compte pas sur des gadgets ou sur des confrontations exhaustives. Lorsque la jeune fermière réussit à vaincre «Chose», la réalisation n'encourage pas les spectateurs à applaudir. Même lorsque la jeune fermière réussit à s'en sauver, on ne croit pas qu'elle est une héroïne et le spectateur n'est pas entièrement satisfait. On sait que Paquette a été tué par son propre complice ... est-ce que la fermière aurait été aussi chanceuse si Paquette avait survécu ? On ne le sait jamais.

        Même après que le film soit terminé, il y a encore une atmosphère oppressante dans l'air. Après le film, je me suis senti encore un peu mal à l'aise d'avoir vu tous ces gens étranges.

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