NIGHTCRAWLER
(LE RÔDEUR)

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Drame de moeurs


2014. Réalisation: Dan Gilroy. Avec: Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed et Bill Paxton. Scénario: Dan Gilroy. Couleur/1h57.

Louis Bloom (Gyllenhaal) mène une existence misérable comme petit criminel à Los Angeles. Un soir, il est témoin d'une scène bouleversante sur l'autoroute: suite à un accident, des policiers courageux extirpent une jeune femme de son véhicule en flammes. Louis rencontre un journaliste et son caméraman qui se trouvent sur place et qui filment la scène entière. Ce journaliste se spécialise à faire des reportages entourant des meurtres, des accidents ou des événements sensationnels. Louis jase avec ce type, réfléchit et croit avoir trouvé le genre de métier qui va l'intéresser. Il se lance dans le domaine de caméraman pigiste en achetant de l'équipement vidéo et électronique. Il finit par travailler pour un réseau de nouvelles qui vise le public affamé de sang et de nouvelles choquantes.

Ce drame d'une étonnante originalité nous situe en plein milieu d'un Los Angeles nocturne où n'importe quel malheur peut se produire. Il est difficile de s'attacher au personnage de Jake Gyllenhaal, mais je pense que c'est justement l'objectif du scénariste et réalisateur Dan Gilroy. Louis n'est pas attachant, il est un homme sociopathe et égocentrique qui n'a comme seul but de monter l'échelle de succès dans son travail peu importe les conséquences. Gyllenhaal est excellent (et glaçant) dans le role principal, il m'a vraiment épaté. Il joue bien le genre de gars un peu asocial qui n'a pas les meilleures habiletés sociales, comme il l'a si bien fait dans Zodiac (Le Zodiaque).

Rene Russo joue Nina, la superviseure du réseau de télé qui se spécialise dans les reportages explicites et sensationnels. L'une des scènes les plus fortes est celle où Nina passe la soirée avec Louis dans un restaurant chic. Les réactions nerveuses et inconfortables de Rene Russo reflètent comment n'importe qui doit se sentir face à quelqu'un comme Louis. Il est trop direct, trop analytique, il est comme un ordinateur sans émotions mais pourtant il s'intéresse à Nina. Ce n'est qu'une question de contrôle. Le scénario évite de nous montrer la suite de cette soirée et la scène dans le restaurant se termine subitement. On se demande plus tard si Louis et Nina ont fini par coucher ensemble, et le film évite le sujet pendant un bout de temps avant que Louis le mentionne plus tard. C'est comme si le contact physique et sexuel n'ont pas d'importance pour Louis, et le film adopte le même point de vue que lui et ignore toute scène d'intimité. Ce qui intéresse ce jeune homme est le succès de son travail, et le plus obsédé qu'il est, le plus dangereux qu'il devient.

J'ai également aimé les scènes qui montrent comment Louis manipule son jeune employé Rick (Ahmad), un gars pas trop brillant qui se contente de recevoir le minimum de salaire (et de respect) de la part de son employeur intimidant. Le film mélange très habilement l'étude sociale/ psychologique avec des scènes de thriller qui fonctionnent bien. La tension est très bien soutenue lorsque Rick et Louis suivent de près les meurtriers, et la poursuite finale nous tient en haleine. Le début du film commence de manière un peu abrupte lorsqu'on voit Louis frapper l'agent de sécurité afin de lui voler quelque chose; on se demande pourquoi Louis se comporte ainsi. Mais tout au long du film, on vient à mieux le connaître et on comprend la signification des scènes initiales.

Nightcrawler est hors de l'ordinaire, il ne ressemble pas à ce qu'on voit souvent à la télé ou au cinéma. Il n'y a pas de justice, de bon qui finit par vaincre les méchants ... Louis est froid et cruel comme le monde dans lequel il habite. Pour chaque image explicite qu'on voit dans un Allo Police ou à la télé, on se rend compte que ça prend quelqu'un d'assez glacial pour rester derrière la caméra et voir tout ça.


Affiche du film

Bande-annonce (sur Internet Movie Database)

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