STARDOM
(STARDOM - LE CULTE DE LA CÉLÉBRITÉ)

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Comédie satirique
2000. Réalisation: Denys Arcand. Avec: Jessica Paré, Charles Berling, Dan Aykroyd et Frank Langella. Scénario: Denys Arcand et J. Jacob Potashnik. Couleur et NB/1h42.

Tina (Paré) est une adolescente vivant une existence normale avec sa mère et sa soeur à Cornwall en Ontario. Un photographe local, impressionné par la beauté de Tina, la prend en photo lorsqu'elle joue au hockey et il contacte une agence de mannequins à Montréal. Cette agence la recrute immédiatement. Plongée dans le monde de la mode et du jet-set, elle vit des relations amoureuses pas toujours saines tout en voyageant le monde.

Cette satire acerbe de la vie du show-business n'est pas le meilleur film du réalisateur canadien Denys Arcand, mais il demeure intrigant et réussit à faire un commentaire direct et sans pitié du monde de la mode. Il s'agit de son deuxième film anglais (le premier étant Love and Human Remains) et le premier film de la talentueuse Jessica Paré (qui avait auparavant joué dans un film tourné pour la télé: Bonanno - A Godfather's Story). On voit presque toujours Tina à travers une caméra filmée par un journaliste, ce qui semble un peu frustrant au début, comme s'il y avait toujours un mur entre nous et la protagoniste. Mais c'est peut-être le message principal du film: une fois qu'une personne se fait filmer et devient célèbre, elle perd un peu de son humanité et une caméra peut la suivre n'importe où (qui peut oublier les paparazzi et Lady Di ?) Voir Tina de cette façon pendant presque tout le film est un style narratif captivant. Le scénario ridiculise avec un humour sans équivoque l'hypocrisie et l'artificialité du vedettariat sans sombrer dans les excès. Je n'ai pas tout a fait compris pourquoi Arcand mélange les scènes en couleur et en noir et blanc, mais ceci n'empêche pas d'apprécier l'ensemble de son projet. La majorité du film fonctionne comme documentaire parodique où il y a une mince ligne entre la réalité sociale et le ton satirique. Arcand met beaucoup d'emphase sur les évènements survenus en Europe, comme les bombardements terroristes. Encore une fois, j'ai pas saisi la signification de ces scènes mais elles s'agencent bien au ton moqueur de l'ensemble.

Paré offre une performance appréciable dans le rôle de la jeune femme venant d'une petite communauté qui se fait propulser dans un monde international parfois effrayant. Dan Aykroyd joue l'amant plus âgé qui finit par devenir possessif et insécure. Même si la majorité du film est à prendre avec un grain de sel et le ton satirique est omniprésent, Tina est perçue de manière très humaine. Elle ressent beaucoup de tristesse à cause de l'abandon de son père, ce qui explique sûrement pourquoi elle choisit des hommes plus âgés et paternaux comme amants. Paré joue son rôle avec l'émotion et l'authenticité requises. On voit des vedettes québécoises comme Masha Grenon (qui joue la gérante de l'agence de mannequins), Sophie Lorain (une journaliste) et Robert Lepage (Bruce). L'une des meilleures scènes est celle avec Patrick Huard qui interprète l'animateur du talk-show qui ne mâche pas ses mots. Comme dans Gina (1975) de Denys Arcand, la misogynie est un thème récurrent. Tina sait bien se défendre et peut avoir un tempérament de feu, mais elle est souvent une victime des hommes dans un monde dominé par une attitude masculine dominatrice.

JE DÉVOILE QUELQUES RENSEIGNEMENTS SUR LA FIN DU FILM ...

Vers la fin, Tina semble avoir rencontré quelqu'un de stable et le film se termine subitement, comme si on allait voir plus de détails ou un dénouement plus complet. Je pense qu'Arcand a fait ceci par exprès. Est-ce possible que les relations amoureuses de Tina font partie d'un étrange cercle vicieux ? Cherche-t-elle toujours le même genre d'homme et rien ne va s'améliorer? Quand le film se termine, on ne sait jamais si Tina va rester avec cet homme ou si elle va continuer de changer de conjoint comme elle a fait avant. Arcand suggère peut-être que Tina est condamnée à commettre les mêmes erreurs qu'avant et que rien se conclut de manière concrète.

Stardom n'est pas un film exceptionnel mais il réussit à soulever des points importants sur la vie de célébrités. L'interprétation demeure convaincante et Denys Arcand réussit également à nous faire réfléchir sur l'impact des mannequins sur la beauté féminine. Il y a un peu de tout dans ce film hors de l'ordinaire.

* C'était une drôle d'expérience de voir les scènes filmées à Cornwall puisque j'habite maintenant dans cette petite ville. J'ai déjà travaillé pas loin de l'école secondaire CCVS qu'on voit clairement vers le début, et plusieurs endroits me sont très familiers !

Bande-annonce


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