UNE JEUNE FILLE À LA FENÊTRE
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Drame de mœurs
2001. Réalisation: Francis Leclerc. Avec: Fanny Mallette, Denis Bernard, Diane
Dufresne et Jean Lapointe. Scénario: Marcel Beaulieu et Francis Leclerc.
Couleur/1h30.
Pendant
les années 20, une jeune
Québécoise vivant sur une ferme désire suivre des cours de piano.
Mais sa famille est très pauvre et n'a pas les moyens. Elle réalise que
sa seule porte de sortie est de déménager et suivre ces cours en ville.
Elle fait un pacte avec un homme plus âgé
afin d'obtenir ce qu'elle veut: il paiera pour les cours de piano mais
elle devra se marier
à cet homme.
Le scénario sombre et lent
de Marcel Beaulieu et Francis Leclerc observe avec minutie la vie en
ville.
De plus, on peut comparer le vie urbaine à la vie rurale.
On voit la jeune Marthe changer graduellement et découvrir un monde de
boisson, de sexe, de fête et de musique. Son frère protecteur est
surpris de voir à quel point elle change et il a de la difficulté à
l'accepter.
Les meilleures scènes
démontrent le frère qui s'efforce d'avoir l'air distingué et cultivé
même s'il ne l'est pas. Leclerc prend le temps de contraster les
classes sociales en utilisant un peu d'humour. Un film inférieur aurait
sombré dans des réflexions trop poussées et mélodramatiques.
Une jeune fille à la fenêtre étudie le sort du jeune fermier avec authenticité et humour, ce qui est rafraîchissant.
Mais l'histoire se
centre essentiellement sur Marthe, qui est partie de chez-elle
indépendante et incertaine pour ensuite revenir triste et éprouvée. Le
film inclut une relation brève mais intrigante entre Marthe et un jeune
chanteur
Noir.
Le
racisme est quelquefois étudié et quelques scènes reflètent la
mentalité de l'époque. Le racisme est exploré de façon à nous donner un
aperçu efficace de l'époque et ne détourne pas trop notre attention du
sujet principal, c'est-à-dire l'évolution de la jeune femme. De plus,
les décors et l'atmosphère des années 20
sont impressionnants. (Arrêtez de lire si vous ne voulez pas vous faire
dévoiler la fin).
La fin
est un peu mélodramatique, mais la mort de Marthe est traitée de façon
convenable et ne sombre pas dans la prétention lourde et artificielle.
Il n'y a pas de musique manipulatrice qui inclut des violons et des
paroles … seulement de la neige froide et une découverte silencieuse et
triste.
Quelques scènes contiennent
peu de dialogue, seulement des regards, des expressions faciales et une
atmosphère audacieusement recréée par les interprètes. Les personnages
n'ont pas besoin de bavarder incessamment afin de nous exprimer leurs
émotions. Le contexte et le langage non-verbal des comédiens en disent
parfois long et surpassent le dialogue exagéré et insignifiant de
plusieurs «téléromans» mélodramatiques.
J'ai aimé le jeu de Fanny Mallette, qui m'avait assez impressionné dans
Les Muses orphelines. Cette
fois-ci, son personnage est indépendante mais moins perturbée et
explosive que dans son autre film. Je préfère toutefois son personnage
dans
Les Muses orphelines: elle était plus intrigante et touchante dans la
peau de la jeune fille troublée. Dans
Une jeune fille à la fenêtre, Marthe est tellement repliée sur elle-même qu'elle garde parfois trop de distance
entre elle et le spectateur. Il est parfois difficile de s'attacher à elle.
Mais le film est un bon succès et l'histoire est bien
écrite.
Une jeune fille à la fenêtre est un bon début pour le réalisateur Francis Leclerc.