15 FÉVRIER 1839

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Drame historique

2000. Réalisation : Pierre Falardeau. Avec : Luc Picard, Frédéric Gilles, Sylvie Drapeau et Pierre Rivard. Scénario : Pierre Falardeau. Couleur/2hres.

            Le début morose et choquant de 15 février 1839 nous frappe à la figure et nous montre une réalité difficile à accepter : la conquête ne se fait pas de façon très humaine. Ce début établit l'atmosphère mélancolique qui est omniprésente pendant tout le film.

        15 février 1839 dépeint le sort des patriotes qui sont emprisonnés par les Anglais. François Marie-Thomas Delorimier (Luc Picard) est un homme condamné à mort comme plusieurs de ses camarades. Ces hommes ont commis ce qui était considéré comme étant le plus grand péché : contredire l’idéologie anglaise. Le scénario étudie la camaraderie de ces hommes, leur haine envers les Anglais dominants et leur mort par pendaison.

        Le réalisateur Pierre Falardeau (Octobre, Elvis Gratton) a toujours implanté un patriotisme évident dans ses longs-métrages, et 15 février 1839 alimentera malheureusement la haine déjà brûlante de ceux qui détestent les Anglais. Le réalisateur s'aventure sur un terrain sensible cette fois. 

        Toutefois, le film de Falardeau demeure assez objectif malgré le thème principal. Le réalisateur évite d'aller vers les extrêmes même si le ton est souvent anti-anglais. Les patriotes crient leurs paroles de gloire et un personnage mentionne qu’il ne «détestera jamais assez les Anglais», mais ces scènes démontrent simplement l’opinion des patriotes à cette époque. Le film traite d’un sujet qui ne peut pas éviter les thèmes de racisme ou de haine. Si vous êtes anglophone et vous ne voulez pas entendre des propos haineuses, louez plutôt un autre film.

        15 février 1839 a un effet secondaire double : ceux qui détestent déjà les Anglais les détesteront plus après avoir regardé ce film, mais ceux et celles qui connaissent peu les racines du Canada seront témoins d’une grande partie de notre histoire. De l’histoire est de l’histoire, et l’histoire ne ment pas. Ce qui est arrivé est arrivé, et ce serait irréaliste et naïf de dire qu’il n’y avait pas de haine entre les Français et les Anglais. Le scénario ne fait que relater les faits généraux. Le reste a été confié à l'imagination du réalisateur, qui est connu pour ses propos racistes.

        Le film est patriotique, mais semble moins limité et xénophobe que The Patriot (Le Patriote), un drame américain réalisé par Roland Emmerich dans lequel tous les Anglais semblent être des salauds cruels qui méritent la mort. Le film de Falardeau ne reste pas toujours uni-dimensionnel et nous présente même un soldat de l'armée anglaise qui est humain et sensible.

        Toutefois, l’atmosphère monotone s’étire trop et les patriotes en question ne sont jamais étudiés de façon très captivante. J’aurais aimé que la caméra s’éloigne de cette prison et qu’elle nous montre le vécu de ces hommes, ainsi que leurs efforts et leur passé. L’interprétation est assez bonne pour que les personnages méritent un peu de lumière. Malheureusement, le scénario de Pierre Falardeau sombre dans la monotonie, la redondance et le mélodrame fatigant.

        La chimie entre Delorimier et sa femme est convaincante, mais le film manque de détails intéressants. Quelques scènes sont mémorables, comme celle où les patriotes fêtent et s'amusent une dernière fois avant leur mort, mais ces scènes sont accompagnées de plusieurs longueurs ennuyeuses.

        Falardeau, un séparatiste dévoué qui a souvent dit des propos haineux envers les Anglais, utilise peut-être son film dans le but de lancer des injures aux anglophones et encourager la haine envers eux. Mais 15 février 1839 nous rappelle tout de même un événement qui a marqué l’histoire des Canadiens-Français. Ma réaction au film était plus générale. J'ai pensé à quel point le racisme et la haine nous séparent et empoisonnent l'avenir de nos prochains. À la fin du film, j'ai pensé à l’atroce tragédie du 11 septembre 2001 et à d'autre événements qui ont réussi à séparer une nation d'une autre. Le film m’a fait penser à des choses qui me donnent encore des frissons.

* Pierre Falardeau, un péquiste aux idées très patriotiques, a refusé de soumettre 15 février 1839 à la liste des Genie Awards (les réalisateurs doivent payer pour que le film en question appartienne à cette liste, ça je ne savais pas). Falardeau a déclaré d'un ton cynique qu'il ne voulait pas s'associer à cette organisation très «canadienne». 

Affiche du film
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