FULL METAL JACKET

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Drame de guerre 

1987. Réalisation: Stanley Kubrick. Avec: Matthew Modine, Vincent D'Onofrio, Adam Baldwin et Lee Ermey. Scénario: Michael Herr et Stanley Kubrick. Couleur/2hres.

        La guerre du Viêt-nâm est traitée avec un humour noir et cynique qui est la spécialité du brillant réalisateur Stanley Kubrick. Malheureusement, son flair visuel et ses scènes inoubliables sont drôlement séparés du scénario. En fait, Full Metal Jacket est une série de sketchs qui sont plus ou moins interdépendants.

        La première partie du film nous situe au coeur d'un entraînement rigoureux sur l'île Parris juste avant que les jeunes soldats partent à la guerre. L'histoire accentue sur un jeune homme torturé par ses pairs (D'Onofrio, incroyable dans ce rôle) et son instructeur dur à cuire (Ermey, qui était réellement un ancien sergent de l'armée). La première moitié aurait pu être un court métrage. Certaines scènes sont majestueusement réalisées et nous font comprendre pourquoi Stanley Kubrick est devenu une légende. Dans cette première partie du film, les problèmes du jeune homme rejeté par les autres (le personnage est surnommé Gomer Pyle en anglais, Baleine en version française) sont souvent difficiles à regarder. Nous apprenons que les êtres humains peuvent être des animaux sauvages qui se blessent mutuellement avant même d'être envoyés à la guerre. Lorsque nous y pensons, les pires ennemis de Gomer Pyle ne se trouvent pas à l'extérieur de son pays; ils se trouvent très près de lui.

        La deuxième partie met de côté le sort de Gomer Pyle avec tant de froideur et d'humour sarcastique qu'on se demande si on regarde bien le même film. La deuxième partie est une légère parodie sur le sensationnalisme des Américains, un sensationnalisme qui est présent même dans un endroit aussi horrifique que le Viêt-nâm en guerre. Kubrick ridiculise la société dans son chef-d'oeuvre A Clockwork Orange (L'Orange mécanique) et il le fait plus subtilement dans Full Metal Jacket. Les soldats sont interviewés par les «journalistes» (l'un d'eux est Matthew Modine) et ces soldats sourient poliment devant la caméra en ignorant les cadavres mutilés à leurs côtés.

        La troisième partie est supérieure à la deuxième et le film reprend un rythme étourdissant qui nous fait pardonner les longueurs ennuyantes de cette deuxième partie. La fin nous situe en plein milieu de fusillades étourdissantes et de combats sans pitié. Les soldats doivent affronter un ennemi embusqué qui peut les liquider en un clin d'oeil.  Après le pouvoir déchirant de la première partie et l'humour parfois ridicule de la deuxième, la fin est du déjà vu mais demeure tout de même solide. Kubrick joue avec sa caméra aussi habilement que d'habitude et nous procure une expérience qui coupe le souffle et nous éblouit.

        Full Metal Jacket n'est pas un film que nous voyons souvent au cinéma hollywoodien. Kubrick a basé son long métrage sur le roman The Short Timers de Gustav Hasford. Le film est une collection de sketchs qui ont chacun une spécialité et un style. Après des films comme A Clockwork Orange et The Shining (L'Enfant lumière), Full Metal Jacket n'est pas un chef d'oeuvre et ne bat pas de records. Mais il réussit quand même à nous faire sortir de la salle de cinéma avec un léger étourdissement et des images qui restent longtemps imprégnées dans notre mémoire.

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)