LES INVASIONS BARBARES
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Drame de moeurs
2003. Réalisation: Denys Arcand. Avec: Rémy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothée Berryman et Marie-Josée Croze. Scénario: Denys Arcand. Couleur/1h55.
Cette suite remarquable à Declin de l'empire américain (1986) est une collection de moments hilarants, déchirants, profonds et honnêtes. Arcand utilise les mêmes personnages que dans son premier film mais l'histoire accentue sur Rémy, le séducteur qui est maintenant hospitalisé et atteint d'un cancer (Arcand dépeint très bien la misère dans nos hôpitaux, comme il l'a si bien fait dans Jésus de Montréal). Rémy sait que la fin approche, le film étudie la façon dont il voit la vie et la mort. Rémy réussit également à se rapprocher de son fils (Stéphane Rousseau, qui est excellent).
Le dialogue est intelligent, vivant et savoureux. En regardant le film, on peut voir à quel point les comédiens se réjouissent d'utiliser des tournures de phrases aussi délicieuses. Le réalisme et la profondeur de ce film me persuadent que le cinéma canadien brille autant que jamais.
Je n'ai pas tout à fait compris pourquoi Arcand nous présente ces «invasions barbares» (on décrit la tragédie du 11 septembre et même l'holocauste), un thème souvent répété tout au long du film. Le réalisateur essaie peut-être d'implanter une saveur sociologique à son scénario, je n'ai pas tout à fait saisi la signification. Peu importe, Les Invasions barbares est une perle rare qui nous permet de vivre de profondes émotions. On a le plaisir d'entendre parler des gens intelligents et observateurs. Arcand a le don de savoir comment parlent les gens dans le vrai monde.
Les scènes qui accentuent sur le cancer de Rémy sont parfois très difficiles à regarder. Marie-Josée Croze interprète l'héroïnomane qui aide Rémy à soulager sa souffrance. La performance de Croze est juste et satisfaisante, mais je n'ai pas encore compris pourquoi elle a gagné le titre de meilleure actrice aux Cannes. Tout le monde donne une performance époustouflante dans Les Invasions Barbares, et à mon avis Croze n'est pas meilleure que les autres.
La fin est mélodramatique et un peu trop lourde, à un tel point que l'humour du début nous manque énormément. Mais Les Invasions barbares n'est pas un téléroman prétentieux, il nous décrit comment on doit se sentir lorsque notre vie s'étire vers la fin et la seule chose qu'il nous reste est le souvenir de nos bons moments. Denys Arcand a vraiment frappé dans le mille cette fois-ci.
Cannes 2003: Meilleure actrice (Marie-Josée Croze), meilleur scénario (Denys Arcand).
Césars 2004: Meilleur réalisateur (Denys Arcand), meilleur film, meilleur scénario (Denys Arcand).
Oscars 2004: Meilleur film étranger.