POLLOCK

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Drame biographique

2000. Réalisation : Ed Harris. Avec : Ed Harris, Marcia Gay Harden, Amy Madigan et Jennifer Connelly. Scénario : Barbara Turner et Susan J. Emshwiller. Couleur/2hres.

        Cette biographie efficacement réalisée et interprétée par Ed Harris suit la vie tumultueuse du peintre Jackson Pollock, un alcoolique froid et étrange qui a entretenu une relation quand même solide avec une artiste (Harden).

        Le film semble être qu’une simple collection de scènes démontrant le comportement dérangeant de Pollock (uriner dans un foyer pendant une fête de gens riches, renverser la table pendant le souper etc.). J’aurais apprécié plus de détails pertinents sur l’enfance ou le vécu de Pollock; dans le film, on voit beaucoup son abus d’alcool mais très peu sur son enfance.

        Mais c’est peut-être ce que Harris voulait faire : laisser le passé à notre imagination et nous présenter les faits crus et difficiles. Pollock était un peintre brillant, mais un homme renfermé sur lui-même et parfois blessant envers sa femme. Vers la fin, je me suis demandé pourquoi une femme pourrait tolérer un homme comme Jackson Pollock. Comme dans Raging Bull/Comme un taureau sauvage de Martin Scorsese, Pollock nous présente un homme peu attrayant et désagréable tel qu’il est sans le maquiller pour les spectateurs.

        Le film nous permet de voir les moments les plus difficiles de cet homme à la fois célèbre et misérable. Les scènes démontrant son alcoolisme incontrôlé étirent le film un peu plus que nécessaire, mais la chimie intéressante entre Pollock et sa femme est forte. Ed Harris est fort convaincant dans le rôle principal.

        La réalisation est d’une qualité remarquable. Contrairement à plusieurs films «commerciaux» qui nous présentent des gros plans de la vedette de façon presque exhibitionniste, Harris place sa caméra assez loin et évite les réaction shots exagérés qui nous imposent un message ou une morale (pour plus de détails sur ces prises, lisez l’essai sur The Devil’s Own/La Rage au cœur). Par exemple, lorsque Pollock et la jeune artiste font l’amour pour la première fois, la caméra est placée très loin et les ombres remplissent le champ. Aucun spectacle extravagant ou exagéré, le tout est subtil et respecte la vie privée des personnages. Lors de la première conversation de Harris et Marcia Gay Harden dans le petit restaurant à New York, leur conversation est filmée de côté et nous ne voyons pas de gros plans sur leur visage. Leurs expressions faciales et leurs réactions semblent naturelles et nous permettent de rester objectifs face à la situation. Ed Harris utilise sa caméra de façon qui respecte le spectateur et nous fait voir les scènes comme étant factuelles et très réelles.

        J’ai également aimé le jeu de couleurs et d’ombres pendant certaines scènes. Lorsque Pollock vit des situations difficiles, le ciel semble nuageux et tout est plus sombre. Pendant les moments plus heureux, Ed Harris est plus éclairé et nous voyons parfois des endroits illuminés par le soleil. Ce jeu de couleurs est fort évident dans la scène où Pollock prend l’édition de la revue Life devant la porte de sa maison et voit un article sur lui-même. Avant que le livreur lui donne la revue, la pelouse verte semble moins éclairée. Lorsque Pollock voit l’article dans la revue, le dessus de l’écran est plus illuminé et on dirait que le soleil illumine le gazon.

        Pollock réussit bien du côté technique et artistique même si le scénario semble tourner en rond pendant un certain bout de temps. Ed Harris est d’un talent exceptionnel et il le démontre à la fois devant sa caméra  ainsi que derrière. Pour plus de renseignements sur ce peintre, vous pouvez également lire Jackson Pollock: An American Saga écrit par Steven Naifeh et Gregory White Smith.

Oscars 2000: Meilleure actrice de soutien (Marcia Gay Harden).

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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