LES BANDES-ANNONCES: AMI OU ENNEMI ?

 

 

«Le meilleur film de l'été !»

«Classé cinq étoiles par tous !»

«Quel film inoubliable !»

«Une distribution de première classe !»

 

        Vous l'avez sûrement vécu. Vous, spectateur inoffensif et vulnérable, êtes assis(e) dans la salle de cinéma en attendant que votre film commence. Les previews (ces annonces de films), ou bandes-annonces, vous bombardent comme des avions de guerre. Le son tonitruant, la voix grave et dramatique du narrateur, les vedettes connues et les scènes tape à l'oeil vous interpellent furieusement. Lorsque vous décidez enfin d'aller voir le film ... vous réalisez que avez déjà vu les meilleures scènes dans la bande-annonce.

        Encore pire ... vous avez l'intention de voir le film mais la bande-annonce vous dévoile les surprises. Le preview est cet enfant têtu qui déballe son cadeau de Noël en cachette juste avant le réveillon. L'annonce, croyez-le ou non, peut être le pire ennemi du cinéphile.

        C'était le cas en 1991 lorsque le thriller de science-fiction Terminator 2 est sorti en salles. En voyant l'explosion commerciale et publicitaire dans les magasins, j'avais presque peur que le film allait me décevoir lorsque je déciderais de le voir pour la première fois. Les jouets, les articles, les milliers de critiques, les T-shirts, les annonces ... c'était comme une tempête.

        Je suis allé voir Terminator 2 avec mon père sans avoir vu la bande-annonce. Tant mieux. Si j'avais vu le preview, le punch aurait probablement été ruiné d'avance. James Cameron veut attendre le plus longtemps que possible avant de révéler au spectateur que Robert Patrick (le policier) est le méchant Terminator (oops, j'espère que vous avez vu le film). C'était une des meilleures qualités de ce film.

        En ayant vu le premier Terminator, je m'attendais que ce soit Arnold Schwarzenegger le méchant robot. Après tout, les suites sont parfois copiées de l'original et Hollywood utilise ce qui fonctionne le mieux. Lorsque j'ai réalisé que le policier poli, «humain» et drôlement attachant était le tueur, la surprise a été énorme. Le film avait fonctionné. J'étais tout à fait abasourdi.

        Je n'avais pas regardé une seule entrevue avec James Cameron ou Arnold Schwarzenegger, donc j'entrais dans le cinéma avec une ignorance bien méritée. Cette attente éternelle jusqu'à la confrontation entre Schwarzenegger et Robert Patrick est la touche infaillible de James Cameron.

        En 1995, lorsque le «director's cut» est sorti en cassette vidéo, j'ai su quoi indiquer sur ma liste de cadeaux de fête. Après avoir reçu cette version spéciale comme cadeau deux semaines plus tard, j'ai regardé les bandes-annonces qui suivent le film et je suis resté bouche bée. Un crime atroce envers le septième art ! On nous révèle d'un ton jovial que le méchant Terminator est Robert Patrick! Pourquoi? Quel crime !

        Mais est-ce que la bande-annonce doit obligatoirement ruiner le punch ? J'ai constaté que l'argent et la vente jouaient probablement un grand rôle (la préoccupation numéro un de Hollywood est de nous vendre son produit). Après tout, qui résisterait à la tentation de voir le gros Arnold se faire donner une raclée par le mince Robert Patrick ... qui est après tout un androïde LIQUIDE MÉTAL! Wow ! Encore meilleur que le premier film !

        Terminator n'est qu'un exemple. Les annonces peuvent nous tromper. Un film qui a l'air d'être excellent peut être mauvais, et vice-versa. Parfois, l'annonce est intéressant et le film est excellent (je pense à la bande-annonce bien conçue du film Heat/Tension). La publicité n'est pas toujours l'ennemi. 

         Dans certains cas, les bandes-annonces nous offrent un concept attirant qui se résume en trois secondes mais qui peut faire la différence entre un cinéma vide et un cinéma plein à craquer. Voir Arnold Schwarzenegger et Danny DeVito comme des jumeaux m'a fait courir au cinéma à toute allure. Le duo Gibson-Glover, Schwarzenegger-Belushi et enfin Pacino-DeNiro est également très rentable.

        Mais un concept intrigant ne fait pas de mal à personne et ne ruine pas le punch du film (à moins que la bande-annonce révèle que la vedette mystère dans Seven/Sept est Kevin Spacey). Certains détails ne peuvent pas être gardés en secret. Il est parfois amusant de voir une annonce de film qui nous offre un concept fascinant même si le but est de faire de l'argent. Le marketing des films est organisé dans le but de créer des salaires bien mérités.

        La seule chose qui me pose un problème est le manque de jugement. Les bandes-annonces qui me montrent les surprises judicieuses d'un film ruinent tout et nuisent à l'industrie du cinéma. Les annonces qui nous montrent les meilleures scènes d'un film ... eh bien, c'est peut-être normal de voir les meilleures scènes durant cette publicité. Cela est souvent dû au fait que certains films sont tellement mauvais que les meilleures scènes se résument en trois minutes.

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