CLOSE ENCOUNTERS OF THE THIRD KIND

(RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE)

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Drame de science-fiction

1977. Réalisation: Steven Spielberg. Avec: Richard Dreyfuss, Melinda Dillon, Teri Garr et François Truffaut. Scénario: Steven Spielberg. Couleur/2h15.

        Lors d'un entretien, Steven Spielberg a déclaré que son Close Encounters of the Third Kind représente sa jeunesse, son esprit naïf des années 70. Après tout, il n'avait que vingt-neuf ou trente ans lorsqu'il a réalisé ce film en 1977. «Ce film représente ma naïveté, mon idéalisme envers les extraterrestres et la vie ailleurs.» Les extraterrestres dans Close Encounters ne sont pas hostiles ou dangereux, et Spielberg nous pousse a croire qu'un homme pourrait abandonner sa famille et sa vie sur Terre pour ces extraterrestres. Oui, Close Encounters est idéaliste et «naïf», et c'est pour cette raison que le film fonctionne à merveille. Lors des années 80 et 90, plusieurs films de science-fiction sont négatifs (pensons à Aliens, The Road Warrior, Terminator ou RoboCop). Ce qui est fascinant dans Close Encounters est le fait que nous puissions rêver et rester émerveillés.

        Le film est devenu un classique, comme les autres films de science-fiction «idéalistes» de la fin des années 70. Star Wars (1977) est une histoire de bravoure, le bon doit éliminer le méchant. Superman (1978) est une histoire de super héros, le personnage titre est le symbolisme universel de pureté et de bonté. Close Encounters of the Third Kind nous suggère qu'il y a de la vie ailleurs dans la galaxie, et les extraterrestres sont fascinants et merveilleux. Vers la fin (je dévoile la fin à partir d'ici), j'ai été un peu déçu par la décision finale du personnage Roy Neary (Dreyfuss). Est-ce qu'un homme pourrait laisser tout derrière lui afin de se joindre aux extraterrestres ? Est-ce qu'un enfant réagirait de façon aussi calme et contrôlée s'il voyait ces êtres ? Spielberg dit oui, mais nous embarquons tout de même dans l'histoire et le film finit par nous fasciner même s'il manque le côté plus plausible et humain.

        Nous ne voyons pas les extraterrestres avant la fin du film. Spielberg nous fait constamment attendre, et il garde le meilleur pour la fin. Pendant tout le film, nous voyons des phénomènes étranges mais Spielberg n'en montre pas trop. Il garde le suspense au maximum, quelques scènes sont réalisées de façon ingénieuse. Il sait comment jouer avec notre imagination sans nous manipuler. Prenons la première scène du film. Nous voyons deux petits points de lumière qui bougent tranquillement, nous pensons voir deux soucoupes volantes dans le ciel. Mais ce ne sont que les phares d'une camionnette qui s'approche de la caméra. On se retrouve dans le désert. Une autre scène est réalisée de façon ingénieuse. Lorsque le jeune garçon entre dans la cuisine et remarque le dégât, nous ne voyons que son visage émerveillé et nous entendons des bruits étranges. Il peut voir ces extraterrestres, mais le spectateur ne voit que sa réaction émerveillée. L'une des meilleures scènes se produit sur la route déserte pendant la nuit. Roy Neary est dans sa camionnette et il cherche quelque chose sur une carte routière. Il ne remarque pas les deux lumières derrière sa camionnette. Nous pensons voir les phares d'une voiture ou d'un camion qui s'approche, mais tout a coup ces deux lumières montent. Neary ne remarque rien, mais nous savons qu'il y a un vaisseau spatial derrière lui. Aucun effet visuel n'est utilisé, seulement ces deux lumières. 

        Les effets visuels de Douglas Trumbull ne sont pas aussi impressionnants que certains effets de nos jours, mais le film ne compte pas seulement sur les effets spéciaux. Les personnages et l'histoire personnelle de Roy Neary remontent ce film, Close Encounters est l'odyssée d'un homme obsédé. La scène la plus émouvante est celle ou Neary sculpte une petite montagne sur ses pommes de terre lors du souper. Sur le même plan vers la gauche, nous voyons son fils pleurer mais Neary ne remarque rien, il continue de sculpter cette montagne dans son assiette. Cette scène est extraordinaire.

        Lorsqu'on observe le personnage Roy Neary, on doute de ses qualités humaines et on se demande comment il pourrait abandonner sa famille. Mais c'est peut-être ça le message du film: un homme met tout derrière lui afin de poursuivre son rêve. Il réalise que sa mission dans la vie est de découvrir ces êtres qui viennent nous rendre visite. Ce détail est évident lors de la scène où Neary est dans la forêt avec sa femme (Teri Garr) en attendant l'apparition de ces lumières dans le ciel. Sa femme l'embrasse chaleureusement et nous voyons les yeux de Neary monter vers le haut; il cherche encore ces lumières. Roy est fasciné par les extraterrestres, et sa famille est en train de le perdre de plus en plus.

          Ce qui est le plus intéressant dans Close Encounters est l'ordinaire de tous les jours, cette ambiance normale et presque routinière qui se fait ressentir même pendant les scènes les plus fantastiques. Lorsque Dreyfuss sculpte cette grosse montagne de terre dans sa cuisine, le téléroman Days of Our Lives est diffusé à la télé. La vie de tous les jours continue comme d'habitude. Lorsque les extraterrestres enlèvent le jeune garçon de Jillian (Melinda Dillon), le tourne-disque se met à jouer et nous entendons une vieille chanson. Il y a une file de voitures devant le restaurant McDonald's et la chanson «More than a Feelin'» de Boston se fait entendre peu avant l'apparition de ce vaisseau spatial. Spielberg n'oublie jamais que cette histoire se déroule dans l'Amérique du temps présent, Roy Neary est un monsieur tout le monde aussi. C'est ce qui rend le film aussi extraordinaire. Close Encounters of the Third Kind représente de vraies personnes dans le vrai monde. Donc, lorsque les personnages voient ces lumières étranges dans le ciel, nous pouvons nous identifier à ces gens et les apparitions prennent encore plus d'importance.

* On remarque vers la fin du film que l'une des mélodies jouées par le vaisseau spatial est celle de Jaws (Les Dents de la mer), un film également réalisé par Steven Spielberg.

Oscars 1978: Meilleure cinématographie (Vilmos Zsigmond).

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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