MAGNUM FORCE
(À COUPS DE MAGNUM)
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Drame policier
1973. Réalisation: Ted Post. Avec: Clint Eastwood, Felton Perry, Hal Holbrook et Mitchell Ryan. Scénario: John Milius et Michael Cimino. Couleur/2h06.
À San Francisco, un étranger habillé en policier
exécute brutalement les criminels les plus notoires de la ville.
L'Inspecteur "Dirty" Harry Callahan (Eastwood) et son partenaire Smith
(Perry) enquêtent ces meurtres étranges même si leur supérieur Briggs
(Holbrook) veut qu'ils se tiennent à l'écart de cette affaire.
Cette suite mouvementée à Dirty Harry/L'Inspecteur Harry
(1971) n'a pas la même cohérence que le premier film et le scénario se
perd parfois dans une multitude de thèmes différents. La scène où Harry
se fait séduire par la femme de son confrère semble de trop et ne mène
à rien, et le film n'a pas le rythme plus palpitant de l'original. Cela
étant dit, les scénaristes John Milius (reconnu pour son travail dans Apocalypse Now/C'est l'apocalypse) et Michael Cimino (qui a écrit et réalisé The Deer Hunter/Voyage au bout de l'enfer)
donnent vie aux personnages et la camaraderie entre l'Inspecteur
Callahan et son co-équipier Smith est notable.
"Dirty" Harry est devenu un symbole des partisans de droite des années
70, c'est-à-dire les défenseurs de la justice moins libérale et plus
drastique. En 1974, le thriller Death Wish/Un Justicier dans la ville avec
Charles Bronson continue cette vague de fantaisies qui suggère que la
meilleure façon de protéger le public est de s'assurer que les armes à
feu soient bien chargées. Les deux premiers films Dirty Harry (ainsi que Death Wish) ont été réalisés à l'époque de Richard Nixon, qui était l'ancien président républicain des États-Unis. C'était l'époque du law and order
(la loi et l'ordre) où les peines sévères étaient considérées plus
efficaces contre la criminalité (d'après Wikipedia, le nombre de crimes
violents a triplé entre 1960 et 1975). Pendant les années 70, Harry
Callahan est devenu la métaphore de cette mentalité plus conservatrice
renforcée par la Maison Blanche à l'époque, un genre de symbole de la
justice sans limites. Les films Dirty Harry exploitent cette soif de
justice du public en général; il est plus satisfaisant de voir le flic
faire sauter la cervelle des terroristes dans l'avion que de le voir
lire leurs droits civils. Le réalisateur Ted Post (connu pour sa mise
en scène d'épisodes de séries-TV comme Peyton Place et The Twilight Zone)
continue d'exploiter cette soif de vengeance qu'on voit concrètement
dans le premier film de 1971, et il fait un bon travail derrière la
caméra. Les fusillades et les poursuites en véhicules sont bien filmées
et démontrent un bon sens de timing et d'imagination.
Clint Eastwood est encore très à l'aise dans son rôle, et malgré l'apparence très stoïque de son personnage, Magnum Force
ajoute un peu plus de couleur à Harry Callahan. On le voit enfin
courtiser une femme, sa jeune voisine asiatique qui a l'oeil sur lui
depuis un bout de temps. Vers la fin, on suggère même que l'inspecteur
coriace a peur de ce que peut devenir la justice lorsqu'elle sombre
dans les excès. Callahan est un peu plus humain dans cette suite, mais
le film nous donne ce qu'on veut voir dès le début: Dirty Harry qui
fait son travail de manière directe et efficace, sans niaiseries.
JE DÉVOILE QUELQUES RENSEIGNEMENTS SUR LA FIN DU FILM MAINTENANT ...
Le groupe de policiers vigilants est une bonne idée, on fait également
référence à L'Escouade de la mort, un groupe de militaires et de
justiciers au Brézil vers les années 60 qui éxécutaient des malfrats
qui avaient échappé à la justice. Dans Magnum Force,
Harry doit affronter des flics qui sont encore plus brutaux qu'il est
lui-même, un contraste intéressant à ce qu'on a vu dans le premier film.
Magnum Force n'est pas dans ma
liste de meilleurs thrillers policiers, mais comme suite il fonctionne
bien. Il ne déçoit pas et le scénario quelque peu décousu est quand
même assez captivant.
Affiche du film