DIRTY HARRY

(L'INSPECTEUR HARRY)

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Drame policier

1971. Réalisation : Don Siegel. Avec : Clint Eastwood, John Larch, Reni Santoni et Harry Guardino. Scénario : Harry Julian Fink, Dean Riesner et Rita M. Fink. Couleur/1h42.

En plein jour, un psychopathe fusille une jeune femme pendant qu'elle se baigne dans sa piscine. Le tueur laisse derrière lui une lettre adressée à la police et demande une rançon de 100 000$. Il menace de tuer d'autres personnes innocentes s'il ne reçoit pas l'argent. La maire de San Francisco décide de lui accorder ce qu'il veut afin de ne pas risquer d'autres vies. Le détective coriace Harry Callahan (Eastwood) et son nouveau partenaire Chico Gonzalez (Santoni) sont chargés de trouver le tueur, qu'on surnomme Scorpio (*). Lorsque le psychopathe enlève une adolescente de quatorze ans et demande une autre rançon, Callahan réalise qu'il n'est pas au bout de ses peines.

«Dirty» Harry Callahan, un policier froid et brutal qui ne joue pas selon les règles (et qui dit la phrase très reconnue «Do I feel lucky? Well, do ya, punk?»), est devenu un symbole légendaire de justice efficace dans un monde rempli de criminels. L’intrigue policière est maintenue à un rythme étourdissant et quelques scènes nous montrent à quel point Dirty Harry a inspiré de futurs scénaristes. Par exemple, la scène où le flic solitaire dit à son patron qu’il ne veut pas travailler avec un nouveau partenaire nous rappelle des thrillers tels que 48 HRS. (48 Heures) ou Red Heat (Double détente). Le long-métrage de Don Siegel semble être le grand-père de ces films.

La violence, même pour l'époque, est assez élevée et demeure intense. Le tueur en série Scorpio (Andy Robinson) n'est pas un ennemi invincible; il n'est pas très physiquement imposant et ressemble à un prof d'université, ce qui le rend encore plus terrifiant. Son caractère impitoyable fait qu'il demeure un criminel mémorable dans l'histoire des films policiers et Robinson le joue très bien. Lorsque Scorpio menace les enfants à bord d'un autobus scolaire, on voit à quel point il est totalement cinglé. Eastwood, habitué de jouer les durs à cuire, joue son rôle avec conviction et porte la plupart du film sur ses épaules. Chico (Santoni), le partenaire de Callahan, est retiré de l’histoire un peu trop rapidement. J’aurais aimé le voir plus longtemps, les deux travaillent bien ensemble. Les scènes les plus fortes sont celles où on voit Callahan utiliser ses méthodes pragmatiques et parfois brutales. Il se fait accuser d'être trop direct par ses supérieurs, et le scénario insinue aussi que le système de justice laisse les criminels faire ce qu'ils veulent. Callahan n'est pas impressioné de la façon dont le maire négocie avec Scorpio, et le policier ignore le protocol judiciaire afin de mettre la main sur le tueur.

La mise en scène énergique de Don Siegel nous situe en plein coeur des opérations policières et l'action est réalisée avec expertise. La scène qui fonctionne un peu moins est celle où Callahan essaie de convaincre un homme suicidaire de ne pas sauter d'un édifice. Le dialogue et le résultat final semblent un peu déplacés, comme si on avait inséré cette séquence à la dernière minute et elle n'a rien à voir avec l'enquête du policier.

Dirty Harry demeure un énorme succès qui a séduit les amateurs de films d'action. Il s'agit aussi d'un des meilleurs thrillers de Clint Eastwood. On a fait quelques suites comme Magnum Force/À coups de magnum, The Enforcer/L'Inspecteur ne renonce jamais, Sudden Impact/Le Retour de l'inspecteur Harry et The Dead Pool/Les Enjeux de la mort, tous bons mais celui-ci est le meilleur de la série. Il est considéré en avance de son temps si l'on considère les polars qui sont apparus par après.

*Le personnage de Scorpio est apparemment basé sur le Zodiac, un vrai tueur en série qui a semé la terreur en Californie vers la fin des années 60 et début 70.

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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