SIGNS

(SIGNES)

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Drame de science-fiction

2002. Réalisation: M. Night Shyamalan. Avec: Mel Gibson, Joaquin Phoenix, Rory Culkin et Abigail Breslin. Scénario: M. Night Shyamalan. Couleur/1h47.

        Sur une ferme isolée, un ancien révérend (Gibson), ses enfants et son frère cadet se rendent compte qu'il y a soudainement des formes étranges sur leurs terres. C'est tout ce que je mentionne sur le scénario.

        Le réalisateur de The Sixth Sense (Le Sixième sens) et Unbreakable/Indestructible nous procure une expérience à la fois fascinante et effrayante. Il n'y a pas de scènes grotesques ou de mutilations, pas de scènes invraisemblables ou trop poussées. Tout est contrôlé et parfois même très réaliste. Les personnages sont plausibles et l'intrigue est ingénieusement réalisée. 

        Il n'y a aucune musique manipulatrice dans le film, tout est silencieux. Le silence devient tellement insupportable qu'on souhaite qu'il y ait un peu de musique pour détendre l'atmosphère de suspense. (Ne lisez plus si vous ne voulez pas trop de renseignements sur l'histoire).

        Les scènes traitant des extra-terrestres ne ressemblent pas à celles dans un film plus tape à l'oeil, comme Independance Day/Le Jour de l'indépendance. On voit rarement ces extra-terrestres dans Signs ... le spectateur regarde les reportages à la télévision, ces «lumières» étranges dans le ciel, la réaction parfois hystérique des gens, et les sons étranges provenant de talkie-walkies. C'est notre imagination qui nous procure la tension insoutenable; entendre les extra-terrestres qui tentent d'enfoncer une porte est plus effrayant que les voir passer à travers un mur de façon bruyante et plus explicite. Shyamalan réussit à jouer avec cette peur universelle: la peur de l'inconnu.

        Le réalisateur évite également les stupidités que nous voyons dans les films d'horreur commerciaux. Il n'y a pas de sauts manipulateurs ou de trucs qui jouent avec nos nerfs. Il y a une scène qui se situe après cette nuit intolérable où toute la famille se retrouve dans le sous-sol de la maison. Le frère cadet (Joaquin Phoenix) monte l'escalier afin de voir s'il y a encore des extra-terrestres dans la maison pendant que Mel Gibson et les enfants attendent dans le sous-sol. La caméra reste immobile au fond de l'escalier et on attend le retour de Joaquin Phoenix. La caméra ne monte jamais avec lui, ce qui donne l'impression qu'on attend dans ce sous-sol aussi. Cette habile technique nous procure une sensation de peur et de tension, la scène fonctionne à merveille.

        Une autre scène bien réussie démontre à quel point Shyamalan a du talent derrière une caméra. Vers la fin, on découvre qu'il y a un extra-terrestre dans le salon de la maison. Il n'y a pas de gros plan de la créature; on voit seulement le reflet de cette créature sur l'écran d'un téléviseur. Shyamalan s'amuse à créer des situations angoissantes grâce à ses talents de réalisateur.

        Mais c'est également la force des personnages qui rend ce film aussi prenant. Les personnages semblent être de vrais individus, ils souffrent et ils vivent plusieurs événements tragiques. Les retours en arrière peuvent sembler interrompre l'histoire, mais ils aident à nous faire comprendre le personnage Graham Hess (Gibson), qui a perdu sa foi en Dieu après la mort tragique de sa femme. (*)

        Grâce aux retours en arrière, M. Night Shyamalan (qui interprète Ray, l'homme responsable de la mort de Mme Hess) nous suggère que tous les événements qui se produisent dans la vie se produisent pour une raison. Ce que j'ai aimé du scénario est que le tout prend le temps de nous expliquer les petits détails de ses personnages et de leur situation. Certaines scènes (surtout la conversation entre la jeune employée de pharmacie et Graham Hess) peuvent être des longueurs, mais elles aident à expliquer pourquoi les individus dans ce film se comportent comme ils le font. Comme dans The Shining (L'Enfant lumière) de Stanley Kubrick, le scénario nous montre plusieurs pièces du casse-tête au début et les pièces s'assemblent tranquillement tout au long du film.

        Je n'ai pas été très impressionné par les deux succès de Shyamalan, The Sixth Sense et Unbreakable. The Sixth Sense est manipulateur parce qu'il nous impose une fin bien résolue sans tenir compte du manque de logique dans le scénario, Unbreakable s'étire comme un élastique sans aboutir à rien. Signs est une belle surprise. L'interprétation est excellente, surtout celle de Mel Gibson qui réussit à être très touchant sans même avoir à dire un seul mot. Ses yeux et ses gestes font tout le travail. 

        L'atmosphère accablante du film est également un de ses points forts. Certaines scènes se déroulent dans des endroits fermés, ce qui nous donne un sentiment de claustrophobie. Le suspense provient du fait qu'on sent une étrange présence sans vraiment la voir, ce qui nous démontre que M. Night Shyamalan n'accepte pas les raccourcis ou les techniques simplistes. Signs est un film exceptionnellement envoûtant, sinistre et très efficace.

* On dirait que dans plusieurs films de Mel Gibson, celui-ci interprète un veuf. Dans les films Lethal Weapon (L'Arme Fatale), Martin Riggs est veuf. Dans Braveheart/Coeur vaillant, la femme de William Wallace se fait tuer. C'est la même situation dans Mad Max. Est-ce que les producteurs croient que le fait de rendre Gibson veuf dans un film aidera son statut de sex symbol ou d'homme «disponible» pour les femmes ?

Affiche du film

Bande-annonce du film (sur Internet Movie Database)

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